La parole est à vous Monsieur le Président !

 

 

Surtout, qu'il n'aille pas se réfugier sous les porches de Notre-Dame de Paris, voire de la cathédrale de Strasbourg, ou sous les arches du pont d'Avignon pour nous dire : c'était un violent orage. Mais le soleil, je vous le promets, va revenir !

C'est François Hollande qui a perdu hier. Et il porte les nuages avec lui : ses hésitations, ses promesses non tenues, son défi raté d'inverser la courbe du chômage, le manque de professionnalisme de son équipe gouvernementale, son déficit de communication. En deux ans, il a divisé les Français, lui qui se vantait de pouvoir les rassembler après l'épisode sarkozyste. Il a fait joujou avec le patronat, lui qui voulait manger tout cru les banquiers. Soyons clair : le hollandisme, c'est pas clair !

A l'image de son Premier ministre qui, hier soir, a ouvert son robinet d'eau tiède en espérant être pardonné et garder Matignon. "Le message est clair et doit être pleinement entendu", a-t-il lâché sur le ton du sanglot à peine retenu. À la télévision, derrière son pupitre, il faisait presque pitié.

Mais c'est l'interprétation du message qui intéresse les Français. Demandent-ils une inflexion de la politique conduite ou un changement plus radical ? Tout va dépendre maintenant de la lecture que François Hollande fera de cette lourde défaite. Il n'a pas le droit à l'erreur. On pourrait entrer dans une phase pré-révolutionnaire dont personne n'aurait la maîtrise, car il ne faut pas oublier que la droite, ses coupes de champagne avalées, retrouvera très vite la potion amère de ses divisions.

 

 

Il est impossible désormais de ne pas remanier le gouvernement et d'attendre d'autres échéances pour le faire. Les élections européennes arrivent, qui s'annoncent comme un nouvel orage pour les socialistes. François aura-t-il le courage de remercier son ami Jean-Marc ? S'il s'y refuse, ce changement ne servira à rien. Ce simple jeu de chaises musicales intéressera les Français le temps d'un 20h ! Il faut resserrer, re-muscler, professionnaliser l'équipe gouvernementale. Mais ils veulent une autre tête. Une tête de lard, type Valls ou Aubry, plutôt que les bonnes joues du notable de la bonne ville de Nantes !

Le problème est que, de toute façon, ce remaniement ministériel ne suffira pas. Le président de le République peut-il continuer, sans sourciller, son programme socio-économique aussi confus que touffu ? Mettre un coup de peinture social, comme le suggère Pierre Moscovici, tout en gardant le pacte de responsabilité ressemblerait à du bricolage. Il faudra être plus ingénieux, plus géomètre. Avoir l'art de gouverner ! François Hollande n'est plus à la tête du Parti socialiste. Qu'il oublie son art de la synthèse !

Il est vrai qu'il est pris dans plusieurs étaux : l'Europe, la dette, le déficit, les problèmes de compétitivité des entreprises françaises… C'est là qu'on verra si le locataire de l'Élysée a vraiment l'étoffe d'un homme d'Etat.

Ça urge !