Paris (75) Société

Caroline Falletta, la main (verte) tendue

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

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Paris Dépêches a rencontré Caroline Falletta, animatrice d'un jardin partagé particulier de la capitale. Le jardin L'Univert accueille non seulement tous les résidents du quartier de la Goutte d'or connu pour sa population très hétéroclite, mais prend aussi en charge des personnes en réinsertion. Une belle initiative qui connait des résultats probants.

Caroline Falletta est l’animatrice du jardin L’Univert, dans le 18ème arrondissement de Paris. Cet ancien parking au milieu des immeubles est aujourd’hui un espace vert de 150 m² que les résidents du quartier populaire de la Goutte d’Or se partagent. Mais pas seulement. En plus d’être un lieu écologique, ce potager résidentiel a une véritable utilité sociale. Explications.
 

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Quelles sont les activités du jardin L’Univert ?

Caroline Falletta : C’est à la fois un jardin d’insertion sociale et un jardin partagé. L’un va avec l’autre car l’idée est de ne pas stigmatiser les personnes qui viennent et de favoriser les rencontres entre des publics très différents. J’accueille des personnes dites « en difficulté ». Ce sont souvent des personnes au RSA, au chômage de longue durée, des femmes isolées… Par ailleurs nous sommes au sein d’une résidence de Paris Habitat. Les habitants de la résidence et du quartier peuvent venir s’ils le souhaitent. Il s’agit exclusivement de bénévolat. L’année dernière il y avait 67 adhérents en tout, principalement des adultes, entre 40 et 50 ans, mais nous avons également un atelier enfant le mercredi après-midi.  C’est devenu un espace « repère » où les gens viennent poser des questions sur des problèmes administratifs, des problèmes linguistiques. Cela crée du lien et permet d’inculquer des valeurs de respect.
 

Pourquoi avoir choisi ce quartier ?

Caroline Falletta : J’ai habité le quartier de la goutte d’Or pendant 15 ans. J’avais fait un diagnostic du territoire et j’étais déjà animatrice dans un jardin similaire dans le 20ème arrondissement. Il faut savoir qu’il y a 46 nationalités représentées à la Goutte d’Or, c’est une population assez précaire, beaucoup étant au chômage. Il s’avérait que le jardin pouvait répondre à toutes les problématiques rencontrées dans le quartier. A savoir la création de lien social, l’atténuation des conflits, l’amélioration du cadre de vie et la sensibilisation à l’environnement.
 

Faut-il être adhérent pour profiter du jardin ?

Caroline Falletta : Il y a une adhésion de 5€ par famille et par année. C’est une manière d’impliquer les personnes dans le travail. Pour qu’elles deviennent co-responsables. Après, les personnes viennent selon leurs envies, leurs disponibilités. Il n’y a aucune obligation. Certains viennent chercher autre chose que le jardinage. Ils viennent chercher du contact. Le jardin est vraiment un support pour favoriser les rencontres  car le fait de manipuler les végétaux et la terre fait qu’on s’y sent bien. Nous cultivons des fleurs, des légumes, des fruits, des aromatiques, sachant que c’est exclusivement bio. Et l’espace est entièrement collectif, il n’y a pas une parcelle réservée par personne. L’idée étant que les personnes fassent part de leurs envies, de leurs expériences, que cela soit source de propositions pour reprendre confiance en elle. Et puis le travail en groupe c’est aussi : si un émet une idée, il faut la défendre devant les autres.
 

Y’a-t-il des exemples de réussite de réinsertion ?

Caroline Falletta : L’année dernière, Emmanuel, un jeune adulte handicapé adhérent au jardin depuis un an et demi a souhaité rencontrer notre association, Halage, qui gère des chantiers d’insertion autour de l’environnement partout en Ile-de-France. Il a postulé pour un chantier sur Paris, a réussi son entretien d’embauche et a pu suivre une formation en parallèle. Après cette expérience, il a voulu aller plus loin et a obtenu son CAPA Travaux paysagers. Aujourd’hui, il a un travail. Une autre jeune femme a réussi à retrouver un emploi de nourrice. C’était son premier CDI à plus de 40 ans. Après il y a des personnes qui ne pourront pas forcément se réinsérer professionnellement mais justement ce jardin fait en sorte de donner une place dans la société à ces personnes-là. 







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