France Politique

Pourquoi Hollande ne peut pas virer Montebourg

Publié le  Par Gaspar S.

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Webstern Socialiste - flickr

La récente anicroche, qui a opposé le ministre du Redressement productif à Jean-Marc Ayrault sur le sujet sensible du gaz de schiste, a semblé rappeler que la position d'Arnaud Montebourg au sein du gouvernement était précaire. Mais en l'écartant de l'exécutif, Hollande aurait bien plus à perdre qu'à gagner.

On nous dit que lors son intervention du 14-Juillet, François Hollande pourrait trancher. Les journalistes lui demanderont si Arnaud Montebourg n'est pas allé trop loin, s'il ne mérite pas la même punition que celle donnée à Delphine Batho, s'il ne remet pas – lui-aussi – en cause la solidarité gouvernementale, si – au titre de récidiviste – il n'aurait pas dû, même, être viré avant. Il serait cependant étonnant que le président de la République choisisse le jour de la Fête nationale pour annoncer une quelconque décision sur le cas Montebourg. En 2004, lors de son «je décide et il exécute» adressé à Nicolas Sarkozy, un 14 juillet, Jacques Chirac avait amorcé un recadrage. Il n'était pas allé plus loin – même s'il y avait de quoi. Le 14-Juillet n'est pas jour propice à divisions.

 

Quand bien même Hollande prendrait une décision dans les semaines à venir, il serait surprenant qu'Arnaud Montebourg connaisse le même sort que Delphine Batho. D'abord parce que, virer Arnaud Montebourg, c'est se priver du soutien d'au moins 17 % des sympathisants socialistes – le score de candidat de la démondialisation lors du premier tour de la primaire socialiste de 2011. Au sein du gouvernement, Montebourg représente encore une forme de volontarisme politique d'antan auquel certains électeurs, notamment issus des milieux populaires, n'ont pas renoncé. Il personnifie également un lyrisme oxygénant qui contraste avec les silhouettes de technocrates, austères – et parfois dégarnies –, de Sapin, Moscovici, Ayrault ou Cazeneuve.

 

Pour mémoire : Bruxelles : Hollande emprunte-t-il le style Montebourg ?

 

Sur un plan politique, le président de la République se montrerait en porte-à-faux en critiquant le cavalier seul du mousquetaire de la Bresse contre la Commission européenne de Barroso puisque cette stratégie, Hollande l'a lui même amorcée. En mai, le président avait estimé que Bruxelles «n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire». En juin, depuis le Japon, il avait renouvelé ses critiques sur le rôle de la Commission Barroso.

 

En outre, virer le dépositaire du «Redressement productif» – notion inventée, sur mesure, pour Montebourg – sonnerait comme un violent aveu d'échec. En ce sens, l'exécutif, déjà en délicatesse avec les syndicalistes, se mettraient définitivement ceux-ci à dos : on sait qu'Edouard Martin (CFDT) avait appelé le ministre du Redressement pour le convaincre de rester à son poste lorsque – en désaccord avec Ayrault sur Florange – il avait voulu démissionner. De surcroît, annoncer l'éviction d'un ministre, quelques semaines après le départ de Delphine Batho, donnerait le sentiment d'une véritable hémorragie de ministres : en somme, un mauvais coup de communication de plus.

 

A lire également : Anicroches gouvernementales sur la question du gaz de schiste.

 

Surtout, sur la question sensible du gaz de schiste, il semble difficile de reprocher à Montebourg ses déclarations. Le ministre a certes lancé des pistes mais celles-ci sont conditionnées à la mise en œuvre d'un «moyen écologique d'extraction». Certes, la sortie de Montebourg a sans doute été maladroite stratégiquement, alors que Hollande et Ayrault veulent recoller les morceaux avec les Verts. Mais il n'est pas certain qu'elle vaille objectivement d'exclure un ministre qui a soutenu Hollande dès après le premier tour des primaires socialistes...

 

Par ailleurs, en dehors du gouvernement, Arnaud Montebourg aurait le champ libre pour tirer à vue sur Ayrault – qui fut longtemps une de ses cibles – voire sur l'Elysée. Il pourrait même songer à nouveau aux présidentielles, desquelles il a tout récemment parlées dans les colonnes du New York Times, qui le présente comme un «Charles de Gaulle de gauche». Un scénario catastrophe – pour Hollande en tout cas – que l'Elysée se gardera bien de favoriser...







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