France Culture

Un papa de sang de Jean Hatzfeld

Publié le  Par Pascal Hébert

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. Hélie

A une époque où la terre tremble de partout et où les hommes perdent chaque jour un peu plus leur âme, des génocides s’invitent tous les soirs à notre table par le biais de la petite lucarne. Que ce soit en Syrie ou sur nos côtes méditerranéennes, la folie meurtrière s’empare de ce siècle. Il paraît que le vingtième siècle aura été le plus horrible avec ses deux guerres mondiales. Qu’en sera-t-il de ce troisième millénaire qui commence très très mal.

La mondialisation économique sera-t-elle suivie par une autre mondialisation, celle d’une guerre où l’homme perd sa dignité dans l’horreur. Un peu partout, on crée des musées pour ne pas oublier. Il faudra faire beaucoup plus pour arrêter le massacre et cette folie de la destruction. Jean Hatzfeld fait partie de ces gens qui témoignent. Spécialiste du génocide des Tutsi du Rwanda, il a déjà écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Il nous revient avec un livre poignant. Un livre de journaliste à la recherche de la vérité. Baladant son micro dans le camp des Tutsi et des Hutue, il fait parler cette jeunesse qui est née au moment des événements. Vingt ans plus tard, comment les jeunes vivent-ils ces événements incroyables ? Comment peut-on construire un avenir lorsque l’on fait partie d’une communauté et que l’on doit s’entendre avec l’autre. D’autant plus que la somme de témoignages recueillis par Jean Hatzfeld laisse à penser que pour des jeunes branchés sur Facebook, ce génocide n’a aucune explication rationnelle. Comment des hommes, soi-disant bons, ont-ils pu aller massacrer des voisins, des frères de travail que rien n’opposait.

Dans son livre très bien articulé, Jean Hatzfeld nous apporte un éclairage nouveau. Des jeunes filles et garçons nous expliquent les uns après les autres leur vécu. Qu’ils soient Hutue ou Tutsie, chacun a vécu un drame familial. Si l’une des communautés porte la culpabilité, l’autre tente de ne pas s’égarer sur le chemin de la vengeance. C’est bien ce qui fait la force d’Un papa de sang faisant acte de mémoire. Entre les papas emprisonnés et ceux qui sont définitivement absents, ce génocide a laissé des traces indélébiles dans les deux camps. Pourquoi une telle haine ? telle est la question que se posent tous ces jeunes. Il n’y a guère d’explications à donner lorsque la folie meurtrière s’empare d’un peuple. La France a connu ce même acte de folie en septembre 1792 lorsque les septembriseurs sont allés dans les prisons pour tuer 1300 personnes à Paris en pleine Révolution française.

Pascal Hébert

Un papa de sang de Jean Hatzfeld (Gallimard). 257 pages. 19 euros.







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