France Culture

La disparition de Josef Mengele, d’Olivier Guez

Publié le  Par Pascal Hébert

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Jean-François Paga

Olivier Guez a eu bien du courage de se pencher sur la vie du docteur Mengele, le boucher d’Auschwitz. Ce triste personnage, spécialiste de la génétique, a usé de tous ses talents malsains pour torturer des milliers de victimes afin de tenter de trouver le miracle de la gémellité. Bafouant sans vergogne le serment d’Hippocrate pour mener à bien des expériences aussi cruelles qu’inutiles, ce malade mental, aveuglé par une idéologie basée sur la race aryenne, a, malgré tout, échappé à un procès.

Comme de nombreux nazis, Mengele a trouvé refuge dans des pays non regardants comme l’Argentine. Véritable havre de paix pour les nazis, l’Amérique du Sud a permis à beaucoup d’entre eux de vivre tranquillement jusqu’à la fin de leur vie. Mengele a profité des largesses de ces pays pour mener une existence relativement calme jusqu’en 1979, où il décède bêtement au cours d’une baignade.

Néanmoins, outre le cas Mengele, affligeant jusqu’à la fin, le livre d’Olivier Guez a l’avantage de nous montrer comment les nazis, plus ou moins recherchés par certains tribunaux, se sont organisés pour vivre paisiblement à l’abri du monde. Menant leurs affaires, avec bien souvent des soutiens de la famille en Allemagne de l’Ouest comme Mengele, les nazis ont recréé leur société. Se sentant en sécurité, certains d’entre eux ont même repris leur nom. On peut penser qu’après le procès de Nuremberg le monde avait envie de tourner la page de la Seconde Guerre mondiale. La reconstruction était à l’ordre du jour. Mis à part quelques personnes comme les Klarsfeld pour la France ou le Mossad, les nazis n’intéressaient plus grand monde… Jusqu’au jour où le monde a ouvert les yeux sur l’atrocité des bouchers des camps de concentration. Le film Nuit et brouillard a largement contribué à braquer les projecteurs sur la réalité des camps et l’extermination industrielle des êtres humains.

Le devoir de mémoire est sacré. Avec La disparition de Josef Mengele, Olivier Guez nous renvoie à la réalité de notre condition humaine. Si l’on condamne le nazisme et ses horreurs 70 ans plus tard, ne nous voilons pas la face. Tout peut recommencer, ici ou ailleurs !

Pascal Hébert

La disparition de Josef Mengele, d’Olivier Guez. Editions Grasset. 237 pages. 18,50 €.

 







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