Bastien Vivès : dessinateur ou pornographe ?
Publié le Par Fabrice Bluszez

B. Vives, Glénat
Avec "Petit Paul", paru chez Glénat en 2018, Bastien Vivès, auteur de bandes dessinées, a un gros souci. Son jeune héros, Paul, a un sexe énorme... L'ouvrage est montré du doigt et qualifié de porno. Mais le tribunal saisi s'est déclaré "incompétent".
Surprise ce mardi 27 : le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), s'est déclaré incompétent territorialement. BFMTV l'annonce…
"Aucune pièce du dossier ne permet de dire" que les faits poursuivis "se sont tenus dans les Hauts-de-Seine", a relevé la présidente Céline Ballerini.
L'affaire n'est pas finie, elle est renvoyée au procureur qui devra trouver un autre tribunal, peut-être celui dont dépendent les éditions Glénat, dont le siège est à Grenoble (Isère).
La polémique dure depuis 2018. Vendu partout puis rapidement qualifié d'ouvrage pornographique, l'album “Petit Paul” voit d'abord sa couverture masquée (elle montrait le fameux sexe trempant dans un abreuvoir, à côté du museau d'un âne). L'étiquette posée sur la couverture dit : “Avertissement de l'éditeur : ouvrage à caractère pornographique”. Un film cellophane en interdit la lecture chez les libraires. Plus tard, une 2022, une pétition (110.000 signatures) a demandé l'arrêt d'une exposition d'oeuvres de Vives au festival de BD d'Angoulême.
Et, à 41 ans, Bastien Vivès se retrouvait mardi 27 (et mercredi 28 mai) 2025, sept ans plus tard, devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Pas seulement pour “Petit Paul”, aussi pour “La Décharge mentale”, publié la même année, en 2018, chez Les Requins Marteaux, précise FranceInfo. A noter, les deux ouvrages vendus au départ pour moins de 15€, sont désormais cédés pour au moins trois fois ce prix, en occasion.
L'article 227-23 du Code pénal
Bastien Vivès, ce n'est pas seulement le combattant de la liberté des artistes contre la censure. Depuis 1998, le Code pénal interdit la représentation de mineurs y compris en dessin ("et leur simple détention depuis 2002", signale Planète BD). Trois associations se sont émues et ont engagé cette procédure au pénal. L'auteur risque “cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende”.
L'avocat de Bastien Vivès, Me Richard Malka, devra sans doute mais un peu plus tard, défendre l'auteur. Il avait expliqué…
« Le livre dont on parle à plus de sept ans. Il n’est plus disponible depuis trois ans. En 2019, le même parquet avait été saisi d’une plainte pour le même ouvrage et elle a été classée sans suite… J’ai demandé ce qui avait changé depuis et personne ne m’a répondu ! Et deux jours de procès pour des traits sur du papier… Je pense que l’on pourrait mobiliser la police et la justice autrement, à vraiment protéger les enfants »