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Prisons : le milieu carcéral sous haute tension

Publié le  Par Julie Catroux

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L’ambiance dans les établissements pénitentiaire n’est pas au beau fixe : manque de moyen et de personnel, les surveillants interpellent les candidats à la présidentielle sur leurs conditions de travail.

 

Manque de moyen, de personnel, prisons surpeuplées…depuis quelques jours, les surveillants de prison crient haut et fort leur mécontentement. Deux journées de protestation avaient été organisées la semaine dernière à l’appel des syndicats pénitentiaire ainsi que jeudi, les employés carcéraux réclamant davantage de moyens. Barrages devant certains établissement et visites aux QG de campagne des candidats à la présidentielle, rien n’est laissé au hasard.

Mercredi, plusieurs détenus ont déclenché une mutinerie à la prison de Rennes-Vezin. L’incident a éclaté au retour de la promenade, les détenus refusant de réintégrer leurs cellules. Un surveillant a été frappé, des feux ont été allumés et les provocateurs ont du être maitrisés par les agents de l’ERIS (équipes régionales d’intervention et de sécurité). Les employés carcéraux en ont marre ! « Ce genre d’émeute a de grandes chances de se reproduire » regrette Christophe Marques, secrétaire générale du Syndicat national pénitentiaire-Force Ouvrière.  En cause ? Une surpopulation qui favorise les tensions. On compte aujourd’hui 66 445 détenus dans les prisons françaises pour seulement 57 213 places.

Le taux d’occupation dans les maisons d’arrêt peut parfois dépasser les 150%. Alors que le nombre d’agressions augmente significativement, certains établissements disposent d’un surveillant pour cent détenus. Les personnels sont débordés et le métier et de plus en plus difficile. Tous les ans, l’administration pénitentiaire recrute un millier de personnes. Ce nombre peut sembler conséquent mais il est insuffisant. Quelques établissements ouvrent leurs portes chaque année (7 en 2008) mais le nombre d’embauche ne suit pas. Le 17 janvier, l’Assemblée nationale a voté  un projet de loi sur l’exécution des peines qui prévoit notamment la construction de plus de 20 000 places de prison d’ici cinq ans. Ce nombre de place sera t-il suffisant pour désengorger les établissements pénitentiaires ? L’augmentation du nombre de places doit être accompagnée d’une augmentation de surveillants mais ce n’est malheureusement pas le cas. Par conséquent, la situation ne va pas changer du jour au lendemain et les problèmes risquent de perdurer.

En plus d’être en sous effectif, les surveillants ne sont pas assez formés pour accomplir certaines tâches qui leur ont été confiées. « Les missions d’extractions judiciaires sont assurées aujourd’hui par les gardiens de prison alors qu’elles étaient auparavant du ressort de la police et le gendarmerie. Cela signifie que lorsqu’un détenu est transféré au tribunal ou devant le juge, il est accompagné par un agent de la pénitentiaire » dénonce Christophe Marques. En 2012, il manquait 2000 personnes pour remplir correctement cette mission. « Nous assurons de nouvelles missions sans revalorisation indemnitaire ni statutaire. Les salaires qui tournent autour de 1500 euros en moyenne sont gelés depuis trois ans », explique Thierry Dumonteil, délégué régional FO-Pénitentiaire Aquitaine, avant d’ajouter que le « malaise est très fort ».

Profitant de la campagne présidentielle pour interpeller les candidats, les surveillants de prison semblent résignés. « Nous avons écrit aux dix candidats à la présidentielle pour les informer de l'ampleur du malaise. Nous leur avons proposé de les rencontrer mais aucun n'a répondu. Alors que les problèmes de la police et de la justice, ceux de la pénitentiaire restent ignorés » explique un syndicaliste. Après avoir tous dévoilé leur projet sur la sécurité et la justice, seuls Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et Nicolas Dupont-Aignan militent pour la construction de nouvelles places dans les établissements pénitenciers. D’ici à 2017, la candidate du FN prône la mise en place de 40 000 places supplémentaires, contre 30 000 pour le candidat UMP et 20 000 pour celui de Debout la République. Les autres candidats ne se sont pas prononcés pour la construction de nouvelles structures mais proposent de développer les peines alternatives.  

Les réponses des candidats quant aux propositions d’amélioration des conditions de travail des surveillants et du nombre de places dans les prisons sont sans sur surprises, divergentes. La gauche a tendance à préférer la prévention à la répression tandis que la droite semble pencher vers une incarcération quasi systématique.

 

 

 







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