Monde Economie

A la recherche du crédit perdu

Publié le  Par Un Contributeur

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La Banque centrale européenne n’a pas manqué son rendez-vous du premier jeudi du mois, toujours à 13h45. Comme l’attendait le marché, elle a abaissé son taux de financement ... - par Antoine Laray

Comme l’attendait le marché, la BCE a donc abaissé son taux de financement de 25 points de base à 0,50 % sans toucher à la facilité de dépôt dont le taux reste à 0%. Le robinet des liquidités est donc ouvert pour les banques jusqu’à la mi-2014.

En clair, tout ça veut dire que les banques pourront emprunter à bas prix tout l’argent voulu pour qu’elles-mêmes le réinjectent dans notre bonne vieille économie. Le problème est que, jusqu’à présent, l’activité de crédit aux entreprises comme aux particuliers ne marche pas terrible. Chat échaudé…Déjà, la BCE avait laissé ouvert le robinet de liquidités pour la première fois le 21 décembre 2011, un cadeau de Noël de 489 milliards d’euros à 1%. Génial sur le papier, les banques n’avaient plus qu’à prêter à leur tour à 6 ou 7% et vive les œufs, poules, cochons et vaches, la ferme allait repartir. Devinez ce qu’il advint, c’est le pot au lait qui s’est retrouvé au frigo. En clair, les banques ont utilisé la facilité offert par la BCE de placer chez elle de l’argent…Et ce sont 452 milliards qui s’y sont retrouvés, retour au prêteur avec un tout petit intérêt en prime, mais là n’était pas l’enjeu.

Pour corriger le tir, en juillet dernier le taux de la facilité de dépôt est tombé à 0%. Taux reconduit jeudi et déjà, certains s’interrogent même de le porter en territoire négatif.

Les choses vont-elles s’arranger ? Voire.

Les entreprises non-financières ont été les premières touchées, les banques européennes ayant réduit de 365 milliards d'euros leurs facilités de crédits au cours des quatre dernières années, soit un recul de 7,5%. Les banques espagnoles ont diminué d'un tiers leurs prêts aux entreprises tandis que leurs homologues irlandaises prêtent aujourd'hui moitié moins, selon les données de la BCE.
> Le crédit aux ménages n'est pas en reste avec des prêts bancaires en baisse de 8,6% par rapport au dernier plus haut.

Alors pourquoi les banques ne font plus leur boulot de banque, du moins tel que tout un chacun l’entend ?
> Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, en 2008, la crise est liée au gigantesque marché de la dette et la découverte de la réalité de ces créances douteuses, des titres achetés, vendus, perdus dans une immensité financière où personne ne retrouve ses petits, noyés dans le royaume des algorithmes auxquels personne ne comprend rien. Des banques comme Lehman ont sombré, d’autres furent nationalisées comme Royal Bank of Scotland, dans certains pays les actifs pourris furent séparés comme en Espagne… Il n’y avait plus ni droite ni gauche, mais la seule réalité des Etats qui devaient ouvrir le tiroir-caisse.

 

1500 milliards de créances douteuses


Le passé n’est pas forcément derrière nous. Selon KPMG, les créances douteuses des banques européennes atteindraient encore près de 1.500 milliards d'euros, dont 600 milliards pour les seuls établissements britanniques, espagnols et irlandais. Oups !

Re oups ! Dans une récente étude, le cabinet de consultants souligne que « toute une série d'opérations de réduction de bilan ne s'est pas encore matérialisée », les banques préférant proroger des prêts plutôt que de céder des portefeuilles et de constater des pertes. En clair pour éviter de se retrouver dans une situation genre Chypre. Parmi les remèdes réglementaires imposés depuis aux banques, on leur a demandé de garantir des fonds propres qui serviraient de tampons en cas de pertes. Or la mise en vente de portefeuilles de créances douteuses, réalisées le plus souvent à perte, aurait un impact négatif sur ces fonds propres au risque de compromettre les programmes d'amélioration des ratios et d'inquiéter les investisseurs… Sans oublier quelques bonus qui n’ont pas été perdus pour tout le monde.

De leur côté, les banquiers nous expliquent que la dégradation de la conjoncture économique et le manque de confiance des ménages comme des dirigeants d'entreprises expliquent le ralentissement de la demande de crédit. C’est aussi sans doute vrai.

Au fait, la détention de titres d’Etat par les banques de la zone euro a bondi de 21% depuis les injections massives de liquidités à moyen et long terme par la BCE pour atteindre 1.670 milliards d'euros. L’intérêt ? La rémunération de ce risque est meilleure que sur le prêt aux entreprises.

Une histoire du chien qui court après sa queue ?


Antoine Laray
Journaliste économique et financier







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kawamelle

06/05/2013 20:08

Si j'ai bien compris :
la BCE prete à taux quasi nul au banques pour qu'elles financent les entreprises et relancent l'economie.
Mais les banques preferent re-preter aux états ou faire des placements foireux avec cet argent pas cher.
Et donc la crise persiste .. c'est bien ca ?!

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Antoine Laray

09/05/2013 10:16

Les banques préfèrent effectivement acheter de la dette d'Etat et on constate un ralentissement du crédit puisque en période de risque elles craignent les impayés.

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Anonymous

06/05/2013 20:08

Si j'ai bien compris :
la BCE prete à taux quasi nul au banques pour qu'elles financent les entreprises et relancent l'economie.
Mais les banques preferent re-preter aux états ou faire des placements foireux avec cet argent pas cher.
Et donc la crise persiste .. c'est bien ca ?!

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Antoine Laray

09/05/2013 10:16

Les banques préfèrent effectivement acheter de la dette d'Etat et on constate un ralentissement du crédit puisque en période de risque elles craignent les impayés.

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Roger Cageot

07/05/2013 16:38

conretement, comment on empeche le chien de se mordre la queue ?

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Antoine Laray

09/05/2013 10:31

Actuellement on essaie de créer des incitations pour le crédit aux PME. On s'interroge sur un taux de dépôt négatif.. La réactivité de la Commission européenne , du FMI et de l'Europe est plus élevée aussi. Cette semaine 'l'Allemagne a donné aussi son feu vert à une Union bancaire, un dispositif de supervision. Mis il faut surtout que la confiance se rétablisse, et là ..

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Anonymous

07/05/2013 16:38

conretement, comment on empeche le chien de se mordre la queue ?

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Antoine Laray

09/05/2013 10:31

Actuellement on essaie de créer des incitations pour le crédit aux PME. On s'interroge sur un taux de dépôt négatif.. La réactivité de la Commission européenne , du FMI et de l'Europe est plus élevée aussi. Cette semaine 'l'Allemagne a donné aussi son feu vert à une Union bancaire, un dispositif de supervision. Mis il faut surtout que la confiance se rétablisse, et là ..

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