France Sport

Retour sur le Tour 2015

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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flickr - Sebastien Wiertz

Dimanche, le Britannique Christopher Froome a remporté son deuxième Tour de France après celui de 2013. Et encore devant le Colombien Quintana. Un Tour remarquablement maîtrisé malgré les polémiques qui suivirent sa prise de pouvoir à La Pierre saint-Martin. Un Tour décevant pour une opposition peut-être trop vite résignée. Et un Tour en demi teinte pour des jeunes Français d’abord hors du coup puis requinqués dans la dernière semaine. Bilan en forme d’abécédaire de ce Tour de France 2015.

A comme Allemagne. ARD et ZDF, les deux chaînes de télé allemandes, absentes du Tour depuis 2012 suite à la multiplication des affaires et révélations de dopage, ont dû se féliciter de leur retour sur la Grande Boucle : les coureurs allemands ont en effet remporté pas moins de cinq victoires d’étape, quatre pour le sprinter André Greipel (dont celle des Champs-Elysées) et une (à Pra-Loup) pour Simon Geschke.
 

B comme Bardet. Après une mauvaise première semaine, pris d’entrée dans les pièges des bordures et ensuite diminué dans les Pyrénées, Bardet s’est requinqué. D’abord à Mende où avec Pinot, il a raté l’occasion mais surtout dans les Alpes avec à la clé une superbe victoire à Saint-Jean-de-Maurienne après une échappée de tempérament dans le Glandon et l’ascension inaugurale des somptueux lacets de Montvernier.
 

C comme chutes. Elles ont encore été nombreuses essentiellement dans la première semaine dans entre Utrecht et Zélande, étape de vent et de bordures et surtout sur la route de Huy (3e étape) : un terrible « crash » avec pour principale victime William Bonnet qui, touché aux cervicales devra porter une minerve plusieurs mois. Quant à Bouhanni, il a dû quitter la course dès le cinquième jour sur chute… sa troisième depuis celle du championnat de France. Même mésaventure le lendemain pour le Maillot Jaune Tony Martin, éliminé dans l’emballage final. Entre autres…
 

D comme dopage. La performance de Froome à La Pierre Saint-Martin, son étonnant rythme de pédalage qui n’était pas sans rappeler celui de Lance Armstrong, a inévitablement réveillé les suspicions de dopage. Ont suivi des polémiques, des mises au point, des débats… Mais que voulez-vous, le cyclisme a un tel passé …Espérons seulement que l’histoire ne se répète pas et faisons confiance à Froome.
 

E comme Erythréens. Deux Africains noirs dans le Tour au sein de l’équipe Sud-Africaine MTN-Qhubeka, c’était une première. Et quelle réussite ! Daniel Teklehaimot a souvent été vu avec les meilleurs grimpeurs. Il a même endossé (pour quelques jours) le maillot à pois au Havre. Il se classe  49e au final. Son compatriote Merhwal Kudus a été moins en vue mais termine quand même tout près de la première moitié du classement.
 

F comme Froome. Une première semaine sans embûche avec une course de bordures maîtrisée entre Utrecht et Zélande, des pavés avalés sans accroc de Seraing à Cambrai, un coup de force  en haut de La Pierre Saint-Martin, des Pyrénées grimpés sans encombres, des Alpes sous contrôle total de ses équipiers de la Sky… Ajoutez un étonnant sang-froid, une concentration extrême, une opposition aux fortunes diverses et peut-être inconsciemment trop vite résignée et vous aurez le Tour victorieux de Christopher Froome, son deuxième succès après celui de 2013, qui efface celui, raté, de l’année dernière.
 

G comme Gallopin. Le coureur de l’Essonne n’a pu rééditer son Tour 2013 avec un maillot jaune et une étape. Mais pendant douze jours, il a accompagné crânement les ténors, bien installé dans le Top 10, avant de craquer dans les Alpes. Même s’il a franchi un nouveau cap dans sa carrière, il restera avant tout un coureur de classique.
 

H comme Holtz. Fidèle partenaire du Tour, France Télévision réalise ses plus belles audiences de l’année en juillet. Chapeau pour toutes ses heures d’antenne en direct, de commentaires, d’explications, de décryptage avec le quatuor Adam, Jalabert, Vasseur (sur la moto) Fottorino,  ce dernier ayant élégamment  fait oublier Jean-Paul Ollivier. Reste Gérard Holtz quelque peu agaçant avec son côté « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… »
 

I comme imbéciles.  Les  Sky de Christopher Froome et Dave Brailsford ne sont pas les plus appréciés du peloton et leur tendance à s’affirmer comme les réinventeurs du cyclisme moderne en agace plus d’un. De plus,  ils sont Anglais (Britanniques en fait, mais c’est la même chose pour  les Français) et en France ça a du mal à passer qu’ils viennent gagner « notre » Tour… Mais de là à leur cracher dessus, à les insulter, à leur jeter de l’urine (« C’est un Français… »), voire leur donner un coup au passage, il y a des limites que seuls des imbéciles, des crétins et des abrutis sont capables hélas ! de dépasser.
 

J comme jaune. Le Maillot Jaune, c’est sacré. Et c’est  le maillot que l’ondoit voir avant tous les autres. Mais cette année,  il était parfois difficile de le distinguer dans le peloton car il se confondait avec celui, blanc et jaune, des coureurs de l’équipe Lotto NL-Jumbo. Le Maillot Jaune devrait donc être une marque déposée et les équipes ne devraient user de cette couleur qu’avec parcimonie. Non mais…
 

K comme Katusha.  Avec pas moins de 16 victoires depuis le début de saison, dont le Tour des Flandres, le Norvégien Alexander Kristoff était l’un des sprinters à suivre. Bilan : il n’a fait que… suivre et n’a obtenu que des places d’honneur. Il n’est même pas dans les cinq premiers du classement Maillot Vert. Heureusement pour l’équipe Katusha, l’Espagnol Joachim Rodriguez s’est imposé au Mur de Huy et dans l’étape reine des Pyrénées, au Plateau de Beille.
 

L comme Ledanois et autres… Bon, d’accord, les Français n’ont pas gagné le Tour depuis trente ans. N’empêche, le cyclisme français s’exporte bien. La preuve en est, quelques équipes étrangères, et non des moindres, ont à leur tête un directeur sportif français : Yvon Ledanois pour BMC, Christian Guiberteau pour Giant-Alpecin, Eddy Seigneur pour IAM , Alain Gallopin pour Trek, Philippe Mauduit pour Lampre. Et bien sûr, Nicolas Portal pour Sky.
 

M comme Mende. Parce que Laurent Jalabert s’est imposé en haut de la Croix-Neuve à Mende le 14 juillet 1995, cette côte s’appelle désormais la Montée Jalabert. Bardet et Pinot étaient bien partis pour inscrire l’un ou l’autre son nom à cette étape mais à force de se regarder, ils ont été piégés par le Britannique (encore !) Cummings qui offrait ainsi sa première victoire dans le Tour à l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka.
 

N  comme Nibali. Ce n’était pas le Nibali du Tour 2014, lauréat final et vainqueur de quatre étapes. L’Italien a connu un début de Tour difficile. Il a pourtant essayé plusieurs fois de déstabiliser Froome mais il manquait de punch. Il a quand même sauvé son Tour avec une superbe victoire à La Toussuire même s’il a profité d’un incident mécanique du Britannique pour attaquer.
 

O comme oser. Hinault l’avait dit dans un interview d’avant-Tour : la course cycliste, c’est un jeu. Et quand on joue, il faut oser. C’est ce qu’ont fait bon nombre de vainqueurs d’étapes : Anthony Vuillermoz à Mûr de Bretagne, le Polonais Rafal Majka à Cauterets, l’Espagnol Ruben Plaza à Gap et, bien sûr, Romain Bardet à Saint-Jean-de-Maurienne et Thibault Pinot, vainqueur de grande classe de la « plus belle » à L’Alpe d’Huez, ces deux derniers effaçant ainsi une première moitié de Tour ratée.
 

P comme pari… raté. Alberto Contador a raté son pari de réussir le doublé Giro-Tour. Après un tour d’Italie maîtrisé mais pas faciel quand même, l’Espagnol n’avait pas les jambes et ses timides attaques n’ont jamais inquiété ses adversaires et encore moins Froome. Est-ce le début de la fin ? Toujours est-il qu’il ne doit rien regretter et surtout pas d’avoir tenté ce défi : « Je préfère avoir essayé » a-t-il commenté.
 

Q comme Quintana. Deuxième pour son deuxième Tour et encore derrière Froome. Comme en 2013. Mais franchement, on attendait mieux du Colombien. Certes, il a perdu du temps dans les bordures de Zélande. Certes, Froome a estomaqué tout le monde à La Pierre-Saint-Martin. Mais il restait encore beaucoup d’ascensions… Et Quintana a trop peu tenté et trop près des arrivées. Avec Movistar  (1re au classement par équipes)  probablement aussi forte que la Sky et un Valverde en super capitaine de route, il y avait de la place. Bien sûr, Quintana a titillé Froome dans L’Alpe d’Huez. Mais l’a-t-il vraiment inquiété ? Il peut en tout cas avoir des regrets.
 

R comme Rohann Dennis. On le savait rouleur mais surtout sur la piste où il avait détenu il y a quelques mois le record de l’heure. L’Australien Rohann Dennis a devancé tous les grands spécialistes du chrono dans le contre-la-montre d’Utrecht réussissant au passage un nouveau record de moyenne horaire sur le Tour avec 55,446 km/h. Et il fut en plus l’un des principaux artisans du succès du Team BMC dans le chrono par équipes en Bretagne.
 

S comme Sagan. Cinq fois 2e, deux fois 3e, deux fois 4e, 1 fois 5e… Comme en 2014, le Slovaque Peter Sagan a collectionné les places d’honneur et a remporté le classement pas points sans remporter une seule étape. C’est son quatrième Maillot Vert consécutif ! Mais en plus de cette distinction, le Slovaque s’est souvent montré dans des échappées. Il aurait bien mérité d’être le Super-Combatif 2015, récompense finalement attribuée à Romain Bardet.
 

T comme Télévision. Il y a les purs fans de vélo qui n’aiment pas et il y a les occasionnels qui ne regardent le Tour que pour les vues aériennes à la découverte des trésors de la France. Depuis 1997, Jean-Maurice Ooghe est aux manettes de la réalisation de France Télévision. Mais il veut aller encore plus loin dans la retransmission sportive avec des caméras embarquées sur les vélos pour vivre en direct (image et son) la course au cœur du peloton. Et bien d’autres idées encore. On a hâte de voir.
 

U comme Urrego. Hector Urrego est radio-reporter en Colombie. Il fut un modeste pistard en 1968 avant de devenir journaliste et de suivre deux étapes du Tour 1972. Mais c’est surtout grâce à lui qu’une équipe colombienne fut invitée par Félix Lévitan (alors organisateur) d’abord sur le Tour de l’Avenir 1980 (remporté par Alfonso Flores) puis trois ans plus tard sur le Tour de France avec une équipe amateurs « Varta » (Source : L’Equipe du 23 juillet, interview de Philippe Bouvet).
 

V comme Van Garderen. Fidèle à son habitude, l’Américain Tejay Van Garderen a suivi le mouvement sans jamais prendre la moindre initiative et se posait en candidat sérieux pour le podium. Mais le leader de la BMC, alors 3e du général, a dû renoncer à l’entrée des Alpes, fiévreux et sans plus aucune énergie. « C’était dur de regarder mes équipiers dans les yeux » a-t-il déclaré.
 

W comme Warren Barguil. Il y a quelques mois, dans un interview de L’Equipe,  Bernard Hinault l’avait adoubé ». Et pour son premier Tour, le jeune Breton (23 ans)  a confirmé son talent naissant, sans complexe avec les ténors (on l’a vu attaquer avec Contador !), fringant dans ses moments forts, patient dans ses temps faibles, en clair, faisant déjà preuve d’une belle maturité de course. Avec Bardet, Pinot et maintenant Barguil, la France tient trois pépites.
 

X comme… A vous de trouver
 

Y comme Y a pas photo ! Il y avait deux ans qu’il n’avait pas gagné, c’était au Tour de l’Ain. Il a beau avoir 30 ans et n’avoir plus ses jambes d’avant, Mark Cavendish reste indéniablement l’un des meilleurs sprinters du monde. A Fougères, le Britannique a surpris l’Allemand Greipel obtenant ainsi sa 26e victoire d’étape sur le Tour, derrière Merckx (34) et Hinault (28). On vous l’a dit, « Y a pas photo ».
 

Z comme zéro… abandon. Deux équipes ont terminé au complet. La première, Lotto NL, celle de Robert Gesink 6e au final, et celle des fameux maillots jaunes (voir à Jaune). La seconde (cocorico !) est la formation française Europcar, celle du populaire Thomas Voeckler, du prometteur sprinter Bryan Coquard, 2e aux Champs-Elysées, et du talentueux Pierre Rolland, 10e au général. Puissent ces performances permettre à cette dernière de retrouver un partenaire principal pour les saisons à venir.







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