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Le Tour de A à Z, si Froome avait craqué dans Peyresourde…

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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TourdeFrance

A défaut d’avoir offert d’inoubliables passes d’armes, le 104e Tour de France a été indécis de Dusseldorf à Marseille. Christopher Froome, en véritable métronome, a remporté un quatrième succès plein de maîtrise, Romain Bardet et Warren Barguil ont enflammé leurs supporteurs. Uran a profité, Contador a fait preuve de panache, Quintana s’est planté… Retour sur le Tour de A à Z.

A comme aveux. Ceux de Christopher Froome qui avoue (L’Equipe, 24 juillet) avoir connu une jour sans dans la 13e étape où il a craqué dans les derniers hectomètres sur les pentes de Peyragude. « « A dix kilomètres de l’arrivée, les lumières étaient déjà éteintes. J’ai commencé à me sentir vraiment faible ». Et encore : « Si deux ou trois de mes rivaux m’avaient attaqué dans Peyresourde j’aurais perdu beaucoup plus que vingt secondes et j’aurais pu perdre le Tour. » De quoi donner quelques regrets à Romain Bardet, Fabio Aru et au sans complexe Dan Martin, le trio d’attaquants de ce 104e Tour..
B  comme Romain Bardet, bien sûr. Tout a été dit sur le coureur français. S’il n’a pu rééditer sa deuxième place de 2016 et la conserver à l’issue du contre-la-montre de Marseille, le coureur d’AG2R aura marqué de son audace le 104e Tour. Il a plusieurs fois tenté de déstabiliser Froome et a même gagné du temps sur lui en montagne. Mais les chronos et quelques bonifications subtilisées par son rival lui ont été défavorables. « Il est le vainqueur moral », a dit Greg LeMond. Beau compliment à l’adresse du Français qui, malgré sa performance, va devoir surmonter la déception de cette 2e place perdue qui lui était promise…
C comme ces commissaires impitoyables pour Peter Sagan, accusé d’avoir provoqué la chute de Mark Cavendish et fermant les yeux sur le passage en force le long des barrières de l’Anglais pourtant pas un ange en la matière. Ces sprints tumultueux, empreints d’une certaine violence, l’essence même de l’exercice, il y en a toujours dans le cyclisme, sur le Tour comme dans les courses dites du dimanche. A se demander si ces juges avaient un jour posé leur derrière sur une selle. Quelques jours plus tard, après avoir sanctionné des coureurs pour ravitaillement hors-zone, ils ont annulé leur décision et blanchi les suspects dont Uran et ont fermé les yeux sur Bardet. Comme l’a écrit Gilles Simon (L’Equipe, 4 juillet), « Le cyclisme est l’une des disciplines les plus mal arbitrées de la planète sport ! »
D comme devise. Celle de Romain Bardet : ‘’Take the risk or lose the chance’’, soit’’Prends le risque ou perds ta chance ». Le Français a été le seul à provoquer Froome, sur la route de Chambéry,  à Peyragude, dans  le Galibier et dans l’Izoard. En vain, mais il a osé. Cette devise aurait pu être celle de Fabio Aru, superbe vainqueur à La Planche des Belles-Filles et quelques autres fois à l’offensive mais en manque de jambes dans la dernière semaine.
E comme ententes de circonstance. On a vu Froome forcer Aru et Fuglsang à collaborer avec lui derrière Bardet dans la descente vers Chambéry. Et plus tard, on a vu Bardet rouler avec  Froome pour distancer Aru dans l’étape de Serre-Chevalier. Dans le Tour, toutes les opportunités sont bonnes à prendre.
F comme fdj. L’équipe de la Française des Jeux, de Marc Madiot, a connu du très haut et du très bas : une étape,  deux place de ‘’deux’’, un Maillot Vert pour Arnaud Demare. Et… une équipe décimée qui a terminé le Tour à trois après l’abandon de Thibault Pinot totalement absent…
G comme Grand Palais. Les organisateurs du Tour n’ont pas leur pareil pour trouver des nouveautés. Des nouvelles difficultés, des cols inédits, des routes insolites. Et cette année, la traversée du Grand Palais à l’entrée du circuit des Champs-Elysées a été un grand moment. Magique !
H comme Adam Hansen, un stakanoviste du vélo: l’Australien de Lotto-Soudal, coéquipier de Tony Gallopin, a terminé le Tour une anonyme 113e place. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’il a bouclé aux Champs son dix-huitième grand tour consécutif ! Tous terminés !
I comme Izoard. Une première que cette arrivée au sommet à 2460 mètres d’un col qui avait été gravi à trente cinq reprises depuis la création dans ce décor grandiose, c’est un Français, Warren Barguil, qui a gravé son nom dans l’Histoire du Tour
J comme Jaune, le quatrième Maillot Jaune que ramène Christopher Froome à Paris. Mais cette fois, sans gagner d’étape*, pas même un des deux chronos. Le Britannique de 32 ans n’a d’ailleurs rien gagné cette saison et n’a pas levé une seule fois les bras sur une ligne d’arrivée. Cette victoire à l’économie sur un parcours peu à sa convenance avec des secondes grappillées au hasard de bonifications était elle programmée par Dave Brailsford, le Monsieur Je-sais-tout  des managers où est-elle le signe d’une certaine usure voire d’un début de ‘’déclin’’ ? Un peu de tout ça mon général !
K  comme Marcel Kittel, vainqueur de cinq étapes : Liège (2e) Troyes (6e), Nuits-Saint-Georges (7e), Bergerac (10e) Pau (11e). Porteur du Maillot Vert qui lui était promis, il a malheureusement dû abandonner après une chute, offrant du même coup son maillot à l’Australien Mickael Matthews qui l’a aussi bien mérité.
L comme Mikel Landa, l’ange gardien espagnol de Christopher  Froome, celui sans lequel le Britannique n’aurait peut-être pas remporté sa quatrième couronne. Et celui dont il faut vanter la grandeur d’esprit, qui n’a rien tenté pour arracher dans l’ultime étape des Champs cette dernière seconde à Bardet pour une place sur le podium. « Ce n’est pas le genre de choses que l’on ferait » a d’ailleurs déclaré son directeur sportif Nicolas Portal. 
M comme Massat, cette petite commune de l’Ardèche au pied du mur de Péguère où des pneus de voiture ont été crevés à la veille du passage du Tour. En 2012 déjà, c’était la route qui était jonchée de petits clous, ce qui avait provoqué près de soixante crevaisons et quelques chutes. A Massat, y aurait-il quelqu’un qui n’aime pas le Tour ?
N comme Naïro Quintana qui a appris à ses dépens que le doublé Giro-Tour est devenu impossible. Il a quelque fois essayé mais sans ressort, peut-être aussi sans conviction juste histoire de faire honneur à son rang. C’est à se demander si le Colombien ne fait pas un blocage sur le Tour dont on se demande s’il pourra le remporter un jour…
O comme out.  Ou ces six coureurs  éliminés alors qu’ils avaient un rôle à jouer : Alejandro Valverde, durement tombé dans la chrono de Dusseldorf dès le premier jour ; Mark Cavendish, lourdement tombé pour avoir forcé un passage impossible ;  Peter Sagan, accusé sans avoir pu se défendre d’avoir précipité la chute du précédent ;  Gerraint Thomas, premier Maillot Jaune,  Richie Porte, attendu comme le premier rival de Froome et Marcel Kittel, le roi du sprint, tous  à terre… Ils ont manqué !
P comme le panache d’Alberto Contador. L’Espagnol n’est plus le ‘’pistolero’’ d’il y a quelques années et ses démarrages ne font plus la différence ; mais son orgueil et son sens de l’offensive l’ont poussé à tenter l’impossible dans l’étape La Mure-Serre-Chevalier. Merci champion !
Q comme quatre Français vainqueurs d’étapes : Arnaud Demare, Lilian Calmejane, Romain Bardet, Waren Barguil (deux fois). La dernière fois, c’était en 2012 avec Thomas Voeckler (deux fois), Thibault, Pinot, Pierrick Fédrigo et Pierre Rolland.
R comme Luke Rowe.  Léquipier de Chris Froome, très actif sur le plat et à l’approche des pentes, termine lanterne rouge  à plus de quatre heures et demi ; soit en distance, selon les calculs de Laurent Jalabert , à plus de 180 kilomètres de son leader vainqueur du Tour.
S comme ces suceurs de roue qui se contentent de suivre sans jamais rien tenter et se contentent de miettes ou de lauriers peu glorieux : Roberto Uran 2e, Simon Yates 7e, meilleur jeune, Louis Meintjes 8e et deuxième meilleur jeune. On remarquera en outre que Roberto Uran aura su profiter de sa ‘’tactique’’ gagne-petit pour aligner au sprint Barguil, Froome, Aru et Bardet à Chambéry…
T comme transferts.  C’est l’habitude, on parle beaucoup de transfert à la fin du Tour. Aru pourrait quitter Astana pour l’UAE Emirates de Nibali, Quintana qui ne sent plus trop bien chez Movistar est dragué par Astana voire Sky  Mikel Landa, pilote de Froome,  pourrait le remplacer chez Movistar. Côté français, on chuchotte Tony Gallopin chez AG2R, Geoffrey Soupe, qui ne s’entendrait plus trop avec Nacer Bouhanni, de retour à la FDJ ; quant à Warren Barguil, il est au centre de beaucoup de discussions…
U comme une seconde, celle qui sépare Landa, 4e, de Bardet, 3e au classement final.
V comme Thomas Voeckler qui a bouclé son dernier Tour de France avant de raccrocher son vélo. Il s’est montré dans quelques échappées dans son style caractéristique mais les jambes n’y étaient plus. Salut champion !
W comme Warren Barguil,  meilleur grimpeur du Tour, super combatif, deux fois vainqueur d’étape avec le maillot à pois (trente deux ans après Herrera) à Foix et à l’Izoard où il rentre dans la légende comme premier vainqueur  sur la plus haute arrivée du Tour. Il a même fait craquer Virenque en direct sur Eurosport : « Oh punaise, j’en ai chialé », s’est lâché l’ex-champion qui s’est retrouvé dans la ‘’superbe’’ du Breton.
X comme les X et les questions dont on n’a pas de réponse : Froome rejoindra t-il Anquetil, Merckx, Hinault et  Indurain avec cinq succès ; Bardet, c’est pour quand ? Barguil doit-il faire du Tour un objectif ? Faut-il rééditer des étapes courtes en montagne ? Y aura-t-il des nouveautés en 2018 ? La mode des rubinous (petits chemins) peut-elle prendre sur le Tour ? Peut-on envisager un système de bonifications qui favoriserait les échappées selon l’écart avec le peloton ? Peut-on envisager d’ouvrir le Tour à une équipe nationale ?
Y comme Simon Yates meilleur jeune du Tour un an après son frère jumeau Adam. Bon sang ne saurait mentir…
Z comme zzzzzz... et comme la torpeur de ces étapes de plat où le seul suspense était de savoir quand les échappés seraient repris ; et même un peu dans ces étapes de montagne où il fallait patienter jusqu’aux toutes dernières pentes pour enfin se réveiller après le chloroforme imposé par le train Sky…



* Avant Froome, d’autres coureurs avaient remporté le Tour sans gagner d’étape : Roger Walkowiak (1956), Gastone Nencini (1960), Lucien Aimar (1966), Greg Lemond (1990) et Oscar Peireiro (2006).

 







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