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Cyclisme : Saint-Quentin-en-Yvelines ou le renouveau de la piste française

Publié le  Par Un Contributeur

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Jacques-Henri Digeon analyse les résultats des championnats du monde sur piste qui viennent de s'achever à Saint-Quentin-en-Yvelines. De vrais jours de gloire pour les Français. Un vrai satisfecit pour notre Région.

 
 
Ce n’est pas quatre mais bien les cinq doigts de la main que Grégory Baugé a brandi pour célébrer son succès  dans le tournoi de vitesse en clôture des championnats du monde sur piste dans le flamboyant vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Cinq parce qu’il estime avoir gagné cinq fois alors qu’il n’est officiellement que quatre fois titré (2009, 2010, 2012 et 2015). Le cinquième, celui de 2011, lui a été retiré à la suite d’un manquement aux règles de localisation dans le cadre de la lutte antidopage. Très marqué par cette sanction, le Guadeloupéen fut même un moment tenté de raccrocher lorsque, quelques mois plus tard, Florian Rousseau, son illustre prédécesseur devenu entraîneur national, quitta son poste en 2013 en raison d’un manque de moyens mis à la disposition des pistards. Une décision qui faisait suite aux décevants résultats des Jeux de Londres (seulement deux médailles d’argent) où, chez eux, les Anglais avait tout (ou presque) raflé.
Fleuron du cyclisme français dans les années 60 et 70 (Morelon, Trentin…), puis 90 (Rousseau, Tournant, Magné…), la piste allait-elle tomber dans l’indifférence ? On pouvait d’autant plus le craindre que les routiers français, enfin débarrassés de leurs complexes, retrouvaient l’ambition et une bonne place en vitrine du vélo mondial. Cela alors que les pistards n’existent que par intermittence, en fait tous les quatre ans aux JO, et sont donc moins exposés médiatiquement. Mais pire, l’ambiance était détestable au sein de la petite équipe, entre rivalités, jalousies et engueulades en public… 
 

 « Un écrin magnifique… »

 
Le fabuleux triplé de François Pervis (vitesse, kilomètre, keirin) aux Mondiaux de Cali  (Colombie) en 2014 a-t-il servi de déclic. Peut-être. Mais plus encore, l’arrivée de Laurent Gané en octobre dernier, autrement plus légitime aux yeux des pistards que le Néo-Zélandais Justin Grace (remplaçant de Rousseau et très contesté  notamment par Baugé), l’ambition de Vincent Jacquet, le nouveau Directeur technique national et… le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines allaient réveiller les ambitions. « Je rentre dans un écrin magnifique, je suis gâté Il faut mettre en place les conditions de la réussite aux JO. On a la pression, mais ce n'est pas négatif. Nous ne sommes pas dans une logique de classement, mais de podium. Et Saint-Quentin doit rayonner pour accompagner tous les acteurs du cyclisme français, dans le haut niveau comme pour le développement des différentes disciplines… », le DTN ne pouvait être plus clair !
Le feu d’artifice des pistards français à « leurs » Mondiaux vient donc à point nommé pour concrétiser la volonté de la fédération de redonner au cyclisme sur piste tout son éclat. Bien sûr, on retiendra d’abord les titres prestigieux de Pervis (kilomètre et keirin), celui de Beaugé (vitesse), celui du trio Baugé-D’Almeida-Sireau (vitesse par équipes). Mais derrière cette exceptionnelle moisson dans les disciplines reines, d’autres ambitions naissent et se confirment. Et si Bryan Coquard, sprinter de poche d’Europcar sur la route, argenté en Omnium à Londres, a pu partager l’or de l’Américaine avec le méconnu Morgan Kneisky (Raleigh), l’envie de routiers de venir partager le gâteau est de nature à renforcer le renouveau de la piste française. Ainsi de la poursuite individuelle où Julien Morice (Europcar)  a pris la 3e place et de la poursuite par équipes, autrefois spécialité tricolore,  redevenue compétitive (7e)  avec Coquard, Morice, Damien Gaudin (AG2R) et Julien Duval (Armée de terre).
 

Après l’euphorie…

 
On n’empêchera pas quelques observateurs de s’enflammer après cette très belle semaine yvelinoise. Mais gardons-nous de tout optimisme béat à un an et demi des Jeux de Rio. Il ne faudrait pas oublier que pour les Britanniques, seuls les JO comptent en matière de cyclisme sur piste. Ont-ils fait l’impasse ? Probable. Et même si Chris Hoy n’est plus dans le circuit et que Jason Kenny a été inexistant à Saint-Quentin, il se dit que, forts de leur expérience de 2012 (sept titres), les Anglais seront là au Brésil. Tout comme, les Australiens qui ont récolté pas moins de onze médailles (quatre or), soit quatre de plus  que la France, et les Allemands et leurs sept podiums (trois or).
L’euphorie de Saint-Quentin célébrée comme il se doit devra être vite digérée. Et le travail reprendre le dessus. Dans L’Equipe, sous la plume de Jérémie Arbona, Florian Rousseau évoque la sérénité et la confiance à consolider. Les bons résultats devraient y contribuer. Avant d’ajouter que « la technologie intervient énormément dans la performance, ce ne sont pas des choses qu’il faut laisser au hasard, les Britannique l’ont montré. »
Avec un outil de travail comme celui là, il faut souhaiter que les Français, remis dans la lumière, sauront en tirer le maximum. Alors Saint-Quentin-en-Yvelines, symbole du renouveau de la piste française ? Réponse dans les mois à venir et à Rio.
 
 
 
Le palmarès des Français
5 médailles d’or
Vitesse par équipes (Baugé-D’Almeida-Sireau) ; Keirin (Pervis) ;  Kilomètre (Pervis) ; Vitesse individuelle (Baugé) ; Course à l’américaine (Coquart-Kneisky)
2 médailles de bronze
Poursuite individuelle (Morice) ; Vitesse individuelle (Lafargue).
 






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