France Culture

Encabanée, de Gabrielle Filteau-Chilba

Publié le  Par Pascal Hébert

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Véronique Kinsley XYZ

Gabrielle Filteau-Chiba, romancière québécoise et militante de la cause environnementale, s’est lancée dans un triptyque sur son renoncement à la vie moderne. Le premier opus, "Encabanée" (Folio), nous emmène dans les forêts du Kamouraska, désertées par l’agitation du monde. Alors que sa vie était toute tracée, Gabrielle Filteau-Chiba a décidé de quitter une voie royale à Montréal pour suivre des chemins escarpés loin de tout afin d’aller à l’essentiel.

Laissant derrière elle, l’affection de ses proches, un amour, un travail et un bel appartement, elle part vivre trois ans au bout du monde dans une cabane sans eau ni électricité et dans des conditions rudimentaires… mais au plus près de la nature. Et au plus près d’elle-même. Dans ce roman, Anouk apprend à survivre en plein hiver dans une région hostile à l’homme. La température est extrême et chaque geste réclame une énergie surmultipliée pour aller chercher dans le froid glacial du bois et de la neige à fondre.


Seule avec elle même, Anouk voit rapidement ses limites dans cet inconfort, bien loin d’une vie rangée au cœur des hommes. Au fil des jours, elle fait connaissance avec les animaux sauvages qui s’approchent de son refuge. Il y a les bruits auxquels elle n’est pas habituée et qui la maintiennent en alerte. Dans cet exil quasi monacal, Anouk va à l’essentiel. Il y a ce feu qu’il ne faut surtout pas laisser s’éteindre et qu’il faut absolument nourrir sans cesse sous peine de mourir gelée.

Remplissant tant bien que mal son journal de bord où elle note ses impressions et la liste des besoins pour un exil forcé, la nouvelle ermite parvient à dessiner avec finesse et poésie. Avec un fugitif qui frappe à sa porte, Anouk prend conscience que la présence de l’activité humaine n’est jamais bien loin. Les bruits d’un train parviennent jusqu’à elle. Un train annonçant l’activité de l‘homme responsable de la transformation de la vie en forêt.


En s’amusant avec le double sens d’Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba a exprimé les moments difficiles de sa condition d’ermite et dans un deuxième temps celui où la sagesse parvient à la gagner. A la manière de notre Sylvain Tesson national, voire international, Gabrielle Filteau-Chiba a pris un chemin abrupt bien loin du monde en pleine agitation pour placer l’homme à sa place dans la nature.


Pascal Hébert


"Encabanée", de Gabrielle Filteau-Chilba.


Éditions Folio. 118 pages. 7,50 €.







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