France Politique

Présidentielle : où en est la campagne d'Eva Joly?

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Créditée de 6-7% d'intentions de vote à l'été 2011, la candidate Europe Ecologie a plongé depuis, accumulant les bourdes et polémiques au point où la pertinence de sa candidature fut posée à de nombreuses reprises. Decryptage.

Où est Eva Joly ? Ces dernières semaines, depuis son meeting de Roubaix en réalité, la candidate écologiste se fait de plus en plus discrète dans les médias, au point de ne plus avoir beaucoup de visibilité auprès de l'opinion publique, et alors que la campagne présidentielle connait actuellement une forte accélération. Pourtant, l'ancienne juge d'instruction continue de parcourir le territoire et tente de mener campagne, en axant davantage son discours sur l'écologie que sur des sujets de société, comme ça avait pu être le cas par le passé.

Actuellement, Eva Joly rencontre un certain nombre de difficultés qui expliquent sa baisse spectaculaire dans les sondages. Contrairement à ce que son parti peut déplorer, comme son porte-parole qui déclarait "dans un diner mondain, il est devenu de bon ton de se moquer d'Eva Joly", on ne peut imputer cela au microcosme parisien qui passerait son temps à la dénigrer dans les éditos. Il y a un "problème" Eva Joly, dans la mesure où elle est issue de la société civile, et ne manie donc pas les codes de la politique, indispensables en temps ordinaire, encore plus en temps d'élection présidentielle.

Elle-même disait en souriant en septembre dernier avoir "une liberté de parole difficile à comprendre pour les politiciens". Aujourd'hui cependant ce genre de constat ne fait plus sourire mais décourage son état-major qui s'implique à moitié dans sa campagne, pour tenter de redresser le navire et au moins atteindre les 5% (voir ici) qui empêcherait une catastrophe financière pour le parti.

Les autres problèmes qui émoussent sa candidature, c'est bien entendu d'abord l'accord passé avec les socialistes qui a littéralement ruiné sa crédibilité et fait fondre les intentions de vote comme neige au soleil. Quel intérêt à voter écolo alors qu'un accord acte leur future collaboration gouvernementale et parlementaire en cas de victoire de la gauche ? La candidate elle-même avait compris le problème en prenant ses distances avec ce texte, au point de créer de nouvelles polémiques qui ont affaibli encore davantage sa posture politique et sa capacité à encaisser les coups.

Depuis ce moment-là, sa côté de popularité n'a cessé de baisser. Les propositions qu'elle a pu faire, comme de faire du 11 novembre un jour de paix européen, ou celui d'instaurer un jour férié pour les juifs et les musulmans, ont rencontré une vive opposition, quand d'autres ont carrément fait un flop, à l'instar de sa visite en Grèce (voir ici) où elle proposa la signature d'un traité d'Athènes.

A Roubaix début février, l'équipe de campagne a tenté une énième reprise en main de la campagne, en présentant le projet d'une candidate qui implore les électeurs à voter pour elle, par compassion presque, pas pour elle mais pour ne pas faire de l'écologie la première victime de ce scrutin (voir ici). Consciente que son image pose problème auprès des français, Eva Joly tente de se montrer plus humaine, plus proche du peuple, en sortant un livre où elle multiplie les anecdotes et humanise sa personnalité, se révèle.

Aujourd'hui pourtant, on ne perçoit plus l'intérêt de sa candidature qui menace l'avenir même d'Europe Ecologie. Un score trop faible empêcherait les écolos de peser sur la politique de François Hollande si celui-ci devient Président, et ruinerait les victoires des européennes et des régionales ainsi que leur crédibilité politique. D'où les tergiversations du parti au mois de janvier qui hésitait entre un retrait pur et simple, un remplacement d'Eva Joly par Cécile Duflot ou la poursuite de la campagne. Sans enthousiasme c'est la troisième option qui l'a emporté, les ténors comptant encore sur un sursaut dans l'opinion, ou un vote compassionnel pour leur candidate.

La députée européenne pourra peut-être en effet espérer un sursaut à partir de la fin du mois de mars, quand les candidats bénéficieront d'une égalité de temps de parole, mais elle devra alors l'utiliser à bon escient. Pour le moment, elle continue à se déplacer en France et sera notamment en meeting à Montpellier cette semaine, mais on ignore encore où elle va, et comment elle y va. En moins de soixante jours, peut-elle encore se refaire ?







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