France Politique

Présidentielle : le meeting de la dernière chance.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Cet après-midi à Villepinte avait lieu le discours clé de la campagne de Nicolas Sarkozy. Devant des militants gonflés à bloc, le président sortant a tenté de renverser la tendance.

On nous l'annonçait avec forces et fracas et enfin le meeting de Villepinte a eu lieu, ce meeting de la dernière chance qui doit enfin permettre un inversement des courbes alors qu'il reste seulement un mois et demi avant le premier tour. Villepinte, ce devrait être son Versailles de 2007, qui suscite la même ferveur, le même engouement, la même formule gagnante.

Et justement l'esprit de Versailles on le retrouva aujourd'hui dans ce discours de Villepinte qui ne semblait être qu'une redite de Versailles, mais aussi Marseille, Lille ou Bordeaux version 2012. Que du rechauffé, hormis une proposition qu'il espère choc : faire évoluer l'Union Européenne sur les accords de Schengen sous peine de sortir de cet accord et mettre en place un "Buy European Act" sous peine d'en installer un en France de manière unilatérale. Il a également répété les propositions qu'il avait déjà annoncé lors de ses précédents meetings.

Avant que le champion n'entre sur scène, de nombreux ténors de la droite et certains soutiens de Nicolas Sarkozy étaient venus sur scène pour encourager leur candidat, et taper du sucre sur le dos de François Hollande. C'est Jean-Pierre Raffarin qui a lancé le meeting en rendant hommage à "celui qui a conduit cinq ans durant notre pays au travers d'une crise difficile, celui qui grâce à son courage, à son autorité, est capable de nous aider à protéger la France que nous aimons, à bâtir une France forte".

De nombreux élus prirent ainsi la parole, comme Jean-Christophe Lagarde, Jean-François Copé ou Valérie Pécresse, mais le discours le plus marquant fut sans aucun doute celui de François Fillon, qui invoqua sur scène "la France des lumières, de Voltaire, des sciences et techniques qui invente le TGV ou Ariane (...) Après cinq ans de présidence, Nicolas Sarkozy se présente tel qu'il est, sans fioriture sans artifice. J'ai vu son courage, son énergie, et aussi sa générosité, ses hésitations, ses doutes secrets, ses revirements après avoir entendu ses arguments justes".

Bernadette Chirac est aussi intervenue lors de ce meeting, quelques dizaines de minutes avant le grand discours, pour affirmer son soutien et sa croyance en la victoire du président sortant qui "repose sur la force de son engagement, dont personne ne doute" tandis que quelques artistes, dont Gerard Depardieu sont également montés sur scène pour déclarer leur affection et leur confiance en Nicolas Sarkozy.

Le discours en tant que tel de Nicolas Sarkozy fut assez bref, rédigé par sa fidèle plume Henri Guaino, et arborda les thèmes traditionnels du sarkozysme : le bilan de son quinquennat au niveau personnel, avec la répétition de la formule "j'ai appris", la dénonciation des corps intermédiaires qui veulent bloquer le peuple français "les vrais blocages ne viennent pas du peuple français. Ils viennent de certains syndicats, de certaines organisations, de certains corps intermédiaires qui ont intérêt à l'immobilisme" mais aussi des journalistes qui le donnent déjà perdant.

Comme à Marseille, mais avec moins de virulence, Nicolas Sarkozy répéta son refus de voir s'installer le communautarisme en France et la viande halal dans les cantines scolaires. Il dénonça aussi l'assistanat que "cela aussi les français considèrent comme une injustice" et mit en avant son bilan sur la scène internationale, rappelant qu'il avait sauvé trois fois l'Europe et qu'il était intervenu en Libye, "la France est la France quand elle se bat pour des valeurs. Elle doit être au côté des peuples. Quand les avions français ont survolé la ville martyre de Benghazi, j'étais sûre que la France était à la hauteur de son histoire". Il répéta également ce qu'il avait dit mardi soir sur France2, à savoir que s'il était élu, il tentera de résoudre la crise au Moyen-Orient et "la France exigera avec la même force un état pour le peuple palestinien".

Enfin, il rappela l'importance de la crise qui frappe actuellement l'Europe, et prédit que si "rien ne change, les mêmes causes produiront les mêmes effets, et nous aurons d'autres crises, et cette fois-ci les états n'auront plus les moyens de maitriser". D'où un appel aux français pour qu'ils le reconduisent dans ses fonctions et lui permettent de "continuer à protéger les français".

Hormis le fait que ce discours ne contienne aucun programme, aucune réelle proposition hormis celle sur l'Europe, Nicolas Sarkozy a livré cet après-midi une prestation mitigée, car rappelant beaucoup trop celle de 2007, où effectivement une véritable dynamique en sa faveur s'était installée dans le pays. Or, en 2012, il doit faire face à son bilan qu'il traine partout, et dont il ne peut pas dire qu'il soit bon étant donné le nombre de chômeurs et la grande précarité qui règne en France. Et chacune de ses diatribes sur le travail, le mérite et la république irréprochable renvoyaient inlassablement aux nombreuses polémiques qui ont émaillées son mandat : epad, affaire Bettencourt, affaire Karachi, Squarcini et on en passe.

En promettant une seconde fois la rupture avec lui-même, le candidat-président joue la transgression de trop. On verra si les français y croient une nouvelle fois, ou si c'est la rupture de trop.

 







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