France Politique

Présidentielle : la légende corrézienne

Publié le  Par Jennifer Declémy

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François Hollande est-il, comme le disent les membres de l'UMP, le responsable de la dette colossale du département de Corrèze, le plus endetté de France ? Une lecture d'un rapport de la chambre régionale des comptes, dont s'inspire l'UMP justement, amène une version très différente.

Il y a un élément qu'aiment à rappeler les snipers de l'UMP, comme en atteste un communiqué de presse envoyé aujourd'hui par la députée Valérie Rosso-Debord : c'est l'argument de la "gestion calamiteuse" de la Corrèze par François Hollande, qui en est le président du conseil général, alors que ce département en question est le plus endetté de France.

Dans le communiqué en question, un brin caricatural, la députée, passée maitre dans l'art du "Hollande bashing", nous explique que sous le règne de François Hollande, la Corrèze a vu "sa dette exploser de près de 45%" et "ses dépenses de fonctionnement de près de 30%". "En revanche" s'indigne l'élue, "les investissements ont été divisés par quatre en quatre ans". Mais plus grave encore, "les effectifs du conseil général (...) ont augmenté de 51%".

Mais c'est là prendre bien des libertés avec la vérité, même pour une sniper qui ambitionne de devenir la digne successeure de Nadine Morano. Pour appuyer ses propos, la députée s'appuie sur un rapport de la cour régionale des comptes du Limousin, dont Valérie Rosso-Debord a du louper quelques passages. En effet, dans le même rapport fort intéressant on apprend que le prédécesseur UMP de François Hollande, Jean-Pierre Dupont, a laissé au socialiste un département dont la dette, entre 2004 et 2008, était passée de 148,06 millions d'euros à 289,04 millions d'euros. Soit une modique augmentation de...95%.

Dans le même temps (toujours 2004-2008), le président du conseil général DE DROITE, a vu les charges financières de la dette de son département tripler, en passant de 3,98 à 11,1 millions d'euros. Pour faire face à cela, les corréziens ont vu leurs impôts augmenter de 25% : les prélèvements directs locaux sont passés de 71,9 à 90,4 millions d'euros. Et la chambre régionale est même assez aimable pour détailler les augmentations de la fiscalité corrézienne : 28,5% d'augmentation de la taxe foncière, 30% d'augmentation de la taxe d'habitation et 28,7% d'augmentation de la taxe professionnelle.

Dans ce contexte alors oui, François Hollande en arrivant à la tête de la Corrèze a ralenti les investissements pour ne pas alourdir la dette, d'autant plus qu'une de ses sources de revenus, la taxe professionnelle, avait été tranquillement supprimée par le Gouvernement à la même époque. Alors certes la Corrèze est aujourd'hui le département le plus endetté de France, d'autant que pendant deux ans le socialiste n'a pas voulu augmenter des impôts qui étaient déjà grimpés en flèche pendant quatre ans et la dette n'a donc pas diminué, mais elle n'a pas augmenté non plus. Quant aux charges de personnel que dénonce Mme Rosso-Debord, la cour des comptes elle la trouve relativement stable depuis 2008. 

Ce n'est qu'en 2011 que la socialiste a augmenté la fiscalité et mis fin à certaines dépenses élevées, pour commencer à désendetter le département. Si on ne voit pas encore de résultats concrets sur ce sujet, il est cependant totalement erroné et mensonger de lui reprocher la dette colossale dont il a hérité. Une lecture plus attentive dudit rapport devrait dissiper le malentendu...







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