France Politique

Marine Le Pen, une héritière en campagne.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Portrait de campagne d'une candidate qui prétend à la seconde place du podium présidentiel, Marine Le Pen.

 

Elle a pris la relève de son père qui avait participé à cinq élections présidentielles depuis 1974 et menace aujourd’hui de dépasser son record, obtenu en 2002, de plus de 26% des voix. Crédité à un moment donné d’un accès à la seconde marche du podium et d’une qualification au second tour, Marine Le Pen aura surtout tenté durant cette campagne de s’imposer en tant que leader politique incontournable, de dédiaboliser son parti si sulfureux, mais aussi d’imposer ses thématiques dans le débat public. Des défis en partie réussis seulement.

Née dans le milieu de l’extrême-droite française, Marine Le Pen est une héritière, dans tous les sens du terme. Héritière de la fortune de son père, de son parti politique et de sa notoriété, qu’elle soit bonne ou mauvaise, la fille de Jean-Marie Le Pen a entrepris des études de droit puis est devenue avocate avant de venir travailler dans le parti de son père, où elle s’est imposée petit à petit comme une pièce maitresse. Aidée et poussée par son père, elle a pris la tête du parti lors du congrès de Tours, en janvier 2011. Auparavant, elle a su bénéficier, depuis 2002, d’une médiatisation grandissante qui a permis notamment de l’imposer dans le débat politique français.

Adhérant au Front National en 1986, Marine Le Pen a occupé diverses fonctions politiques avant de prétendre au poste suprême du pouvoir : conseillère municipale à Hénin-Beaumont, conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais ou encore députée européenne, puis elle est montée en grade dans son parti, notamment avec l’aide de son père qui, en 2003, la repêche d’un vote calamiteux en sa faveur et la propulse vice-présidente du parti. Peu à peu ses ambitions font jour et à partir de 2005, l’avocate exprime le désir d’assagir le Front National, de dissiper l’aspect sulfureux et controversé qu’il connait pour en faire un véritable parti de Gouvernement, apte dans un avenir proche à accéder au pouvoir.

Dès son arrivée à la tête du Front le 16 janvier 2011, Marine Le Pen exprime les nouveaux fondamentaux du Front National version Marine : république, démocratie et laïcité sont mises en avant, de beaux mots pour dissimuler une réalité et des idées bien peu reluisantes. Désormais le souverainisme est exalté pour faire oublier le racisme et l’antisémitisme inhérents à l’extrême-droite, la sortie de l’euro devient un refrain majeur, tandis que le refus du mondialisme et de l’islamisation de la société deviennent les pierres angulaires de la réflexion de Marine Le Pen.

« Pour les français, le choix de 2012 sera simple, claire et même binaire : soit celui de la mondialisation, c’est-à-dire de la dérégulation, de l’alignement sur le moins-disant social, de la submersion démographique, de la dilution de nos valeurs de civilisation. Soit celui de la nation » déclarait Marine Le Pen lors de la passation de pouvoir, et depuis, elle ne cesse de clamer que le clivage droite-gauche a disparu, au profit d’un clivage nation-mondialisme, dont elle serait la plus claire interprétation.

Voir : pourquoi Marine Le Pen est bien d'extrême-droite.

C’est le sens même de la captation de certains symboles traditionnels de la gauche qu’opère Marine Le Pen, afin de brouiller les lignes et clivages, et faire oublier les turpitudes passées de son père qui l’ont trop longtemps mise à l’écart des responsabilités publiques qu’elle aspire pourtant à détenir. Devenir respectable, c’est la ligne même de l’opération de dédiabolisation lancée par la nouvelle présidente du Front. Une opération avant tout médiatique qui tente de masquer les zones d’ombre, en détournant les critères traditionnels de la république, de la démocratie et de la politique pour son propre bénéfice.

Si Marine Le Pen continue à accorder aux thèmes de l’insécurité et de l’immigration une importance démesurée, elle s’est également emparée de thèmes bien plus sociaux et économiques, comme la paupérisation de la société, les marchés financiers, la crise et la dette pour crédibiliser ses propos et s’imposer dans le débat politique. Une médiatisation à outrance lui auront permis de devenir un acteur incontournable dans les émissions de télé, radio et dans les journaux. Mais les dérapages n’auront néanmoins pas manqués dans cette campagne : participation à un bal d’extrême-droite en Autriche, dérapage sur le halal et récupération indigne des tueries de Toulouse et Montauban seront autant d’accrocs à sa campagne, qui l’auront d’ailleurs fait, entre autres, descendre dans les sondages. Cela, plus l’irruption de Jean-Luc Mélenchon dans la campagne présidentielle ne lui permettront sans doute pas d’accéder au second tour de l’élection présidentielle.

Voir : Mélenchon VS Le Pen, le duel le plus intéressant de cette campagne.







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