France Politique

Front National : comment expliquer ce résultat ?

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Elle n'est pas au second tour et pourtant son score est dans la tête de tous. Plus élevé que jamais, le risque Front National semble s'implanter durablement en France.

 

« J’ai bien fait de la commencer tôt [la campagne], il y a 18mois. Cela m’a permis de porter toute une série de thèmes qui n’auraient pas été abordés si j’avais démarré ma campagne au dernier moment. Entre Schengen, les problèmes de délocalisation, produire français, l’euro, la laïcité, le fondamentalisme, le halal, j’ai forcé les autres à prendre position », déclarait il y a quelques jours Marine Le Pen, qui s’estimait globalement satisfaite de sa campagne. Au vu des résultats obtenus, on peut dire qu’effectivement, sa stratégie a été la bonne.

Comment a-t-on pu en arriver à un point où 6,5 millions de français votent pour l’extrême-droite ? Une extrême-droite qui refuse de se caractériser comme telle mais qui se base avant tout sur un rejet de l’autre, de l’immigré et de l’islam qui fait peur. Ces millions de français sont-ils tous xénophobes ?

La réponse est bien plus compliquée que cela, tant le vote Front National revêt multiples facettes. Il y a effectivement en France un segment de population anti-immigré qui pense que l’islamisation de notre société est une véritable menace et que les élites laisseraient envahir notre pays par des étrangers. Mais il ne représente pas la majorité du vote Le Pen, loin de là.

La crise économique et sociale explique en grande partie ce vote extrême, mais uniquement parce que les partis de droite et de gauche traditionnels ont échoué à apporter des réponses satisfaisantes à cette population précarisée et vivant souvent dans de très dures conditions. Au milieu des scandales Karachi, Bettencourt, Tiakeddine, Guérini, Navaro, Dalongeville, les vacances de MAM en Tunisie, les casseroles de Jacques Chirac, la condamnation d’Alain Juppé dans l’affaire des emplois fictifs de Paris ou encore le souvenir des années Mitterrand, il devient dur de soutenir que PS et UMP sont des parangons de vertu publique. Et peu importe que le FN au pouvoir dans trois villes, dans les années 90, ait toujours été condamné, pour corruption ou abus de biens sociaux, entre autres. Personne ne s’en souvient.

L’enracinement du vote FN face aux trahisons du quinquennat Sarkozy explique également ce vote extrême-droite. C’est Marine Le Pen qui expliquait le mieux ce phénomène, en 2011, quand elle disait « Nicolas Sarkozy ne remontera pas. Sa parole est démonétisée, il suscite un rejet. Il a réussi le tour de force de décevoir tout le monde. Il organise l’injustice sociale, c’est la droite décomplexée…du pognon ». Un ressenti avéré dans les faits : dans les couches populaires, le vote Le Pen est désormais plus important que le vote UMP. Cet enracinement s’était par ailleurs constaté dès les élections locales, et notamment lors des dernières cantonales, où on avait assisté à un véritable naufrage de l’UMP.

Enfin, la conjugaison de l’insécurité sociale à l’insécurité physique explique la dynamique du vote d’extrême-droite. Si l’insécurité physique a toujours été un thème traditionnel du discours frontiste, l’insécurité sociale est une nouveauté apportée par Marine Le Pen qui s’est emparée de la peur de la mondialisation ressentie par les plus précaires pour leur offrir une solution de repli sur soi, alors que les repères identitaires se perdent de plus en plus. Attribuant ces deux types d’insécurité principalement à la même cause, qui est l’afflux des immigrés pendant trente ans, Marine Le Pen surfe donc sur une demande de protection populaire que ne peut plus assumer Nicolas Sarkozy.

Véritable claque vis-à-vis des principes de démocratie, de république et d’égalité entre tous, le vote Marine Le Pen peut néanmoins se comprendre, dans la plupart de ses facettes. Résultat d’une défaillance des partis au pouvoir depuis trente ans, il pose aujourd’hui un véritable défi au système politique qui devra y trouver une réponse pertinente, sous peine de risquer de voir augmenter encore davantage cet électorat. Un danger que ne peut pas se permettre la France car si l’UMP et le PS ont bien des défauts, le FN, avec son fond de xénophobie et d’exclusion sociale et ethnique, sans oublier son programme absolument impossible à mettre en pratique, risquerait d’entrainer notre pays au fond du gouffre. 







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Flafla

23/04/2012 16:32

C'est vraiment nimporte quoi. Vous êtes dans des schémas mentaux vieux de 80 ans. "le risque Front National"...
Ce parti de centre droit est à peu près la seule chance qui reste à la France de ne pas finir en supermarché cosmopolite pour bobo déraciné.

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Anonymous

23/04/2012 16:32

C'est vraiment nimporte quoi. Vous êtes dans des schémas mentaux vieux de 80 ans. "le risque Front National"...
Ce parti de centre droit est à peu près la seule chance qui reste à la France de ne pas finir en supermarché cosmopolite pour bobo déraciné.

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