France Politique

L’éducation dans la campagne présidentielle

Publié le  Par Julie Catroux

image article

A l’approche du second tour de l’élection présidentielle, François Hollande et Nicolas Sarkozy rivalisent de propositions sur un thème central de cette campagne : l’éducation.

 

L’Ecole. Les deux candidats finalistes s’accordent pour en faire une priorité du quinquennat à venir. Elle doit éduquer les futurs citoyens de la République, leur transmettre les valeurs de la nation et les savoirs fondamentaux. Dans son projet présidentiel, l’UMP décrit l’éducation comme « le creuset de la République, qui va permettre à nos enfants de sortir gagnants du monde nouveau ». Les inquiétudes se font sentir, près de 150 000 jeunes sortent chaque année du système. Les politiques n’ont pas le choix et doivent entreprendre une réforme de l’éducation. Un sondage réalisé par Opinionway/Appel en date du 5 mars, montre que les parents sont pour un changement en profondeur de l’éducation en France. Près de neuf Français sur dix veulent que l’école soit réformée.

 

Quels sont les principaux problèmes à résoudre ?

 

Le système français est un système élitiste qui a vu les inégalités scolaires se creuser depuis une dizaine d'années. Aujourd'hui, 20 % d'élèves sont en échec scolaire ; ils n'étaient que 15 % en 2000. Mais ces résultats ne sont pas nécessairement imputables aux méthodes d’enseignement. Ce qui est remis en cause c’est principalement le redoublement car le programme scolaire est très long et les élèves qui décrochent vont automatiquement redoubler. Les pays qui sont les mieux classés par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) ont une autre façon de s’occuper d’un élève en difficulté. Ils mettent en place des stratégies pour lutter contre l’échec scolaire plutôt que de faire redoubler l’enfant : « soutien personnalisé, aide aux devoirs, allocation des meilleurs enseignants dans les écoles en difficultés, voilà des mesures qui fonctionnent bien » explique Eric Charbonnier, responsable du classement PISA.

 

Un autre problème de taille vient perturber le système éducatif : les économies faites par le gouvernement en supprimant des postes d'enseignant tout en voulant des réformes pour améliorer la performance. Influençant le climat de confiance entre les acteurs de l’éducation, notamment les enseignants, ces économies peuvent faire perdre de l’efficacité à ces réformes.

 

Notre système d’éducation souffre d’une obsession sélective qui commence dés l’école primaire l’écrémage destiné à ne retenir en fin de course, par éliminations successives, qu’un effectif réduit d’élus, les élèves des grandes écoles. Son caractère explicitement méritocratique, la rend sensible à ses droits et à ses pouvoirs, ceux d’une véritable  «noblesse d’Etat» comme dit Bourdieu, plus qu’à ses devoirs. Ce système a développé, selon les termes de Marc Bloch «un esprit de caste». Le système scolaire français représente une forme de production des élites particulièrement coûteuse: au sens strict d’abord parce que les plus prestigieuses de ces écoles spéciales sont gratuites et parfois même attribuent aux élèves un pré-traitement. Leurs dotations budgétaires par étudiant sont six ou sept fois plus fortes que celles des universités. C’est donc l’ensemble de la nation qui finance l’éducation d’excellence des enfants de la bourgeoisie.

 

Cette reproduction des élites est coûteuse surtout dans un sens plus général parce qu’elle repose sur une sélection qui élimine, pratiquement depuis l’école primaire, les refusés. L’idéal républicain de la politique scolaire de la France, tel que l’a défini Jules Ferry, est de donner accès à l’instruction à tous et, par l’égalité des chances, de permettre à tous d’accéder aux plus hautes fonctions. Aujourd’hui les mouvements de jeunesse attirent beaucoup moins et des sondages comparatifs menés dans divers pays d’Europe viennent de montrer que les élèves français sont les moins heureux à l’école.

 

Quels sont les programmes éducatifs des deux finalistes du premier tour de l’élection présidentielle ?

 

Il existe de nombreux rapports (le rapport Apparu, le rapport Descoings, le rapport Thélot, le rapport du Haut Conseil de l'éducation) proposant un ensemble de réformes qui pourraient améliorer le système d'éducation, et peut-être arriver à diminuer l'échec scolaire. Le diagnostic du système d'éducation français est bien connu depuis des années, il semble maintenant nécessaire non pas de le changer complètement mais de le faire évoluer. Il y a tout un ensemble de mesures qui pourraient porter leurs fruits rapidement. L'exemple de l'Allemagne, de la Pologne, du Portugal, pour les pays proches de la France géographiquement, montre qu'il est possible d'améliorer les choses quand on décide d'agir sur les problèmes. Conscient de cette nécessité, l’éducation est une partie importante des programmes de François Hollande et Nicolas Sarkozy. Entre convergences et divergences, les deux clans s’accordent sur le fait que l’école doit être réformée au plus vite.

 

Concernant les effectifs des enseignants, les deux partis sont en complet désaccord. Alors que la droite entend poursuivre sa règle du non-renouvellement d'un poste de fonctionnaire sur deux, pour réduire les déficits publics, le PS a annoncé le recrutement de 60 000 enseignants. Outre les 14 000 à 16 000 départs à la retraite qui seront remplacés par an, il entend créer 12 000 postes par an pendant cinq ans.

 

Tout comme l'UMP, le PS entend «personnaliser l'enseignement». Vincent Peillon, conseiller de François hollande en charge de l’éducation, estime que la «remédiation pour les élèves en difficulté» mise en place par l'UMP «ne donne pas toujours de bons résultats ».

 

A propos de la formation des professeurs, si l'UMP a supprimé l'année de fonctionnaire stagiaire des enseignants, Vincent Peillon se dit favorable à un «plan de prérecrutement» des enseignants «pour accompagner financièrement les étudiants pendant leur formation». Par ailleurs, «si l'on considère que dans un grand lycée un professeur de classe préparatoire fait moins d'heures de cours qu'un enseignant en CP, on peut se demander s'il ne faudrait pas revaloriser le salaire des professeurs des écoles ou tout au moins poser la question de leurs décharges horaires», selon Vincent Peillon. La droite a quant à elle redistribué une partie de l'argent économisé par les suppressions de postes en revalorisant le traitement des jeunes enseignants.

 

Mais les deux candidats peuvent parfois accorder leurs violons en donnant la priorité à l’accompagnement dans le milieu scolaire. Le nombre des personnes présentes à l’école sera augmenté pour le PS, donc plus d’enseignants, de psychologue et d’adultes, notamment dans les établissements réputés difficiles. La priorité est également donnée aux classes de primaires et de maternelles car tout comme l’UMP, le PS souhaite une diminution de l’échec scolaire et cela passe par un soutien aux élèves en difficultés et une aide personnalisée pour l’UMP. La droite compte dépenser au maximum 2000 euros par élève appliqués à 100 000 enfants de la maternelle au CP.

 

Concernant les universités, le PS affirme ne pas vouloir remettre en cause la loi sur les autonomies des Universités, mais souhaite résoudre certains problèmes, notamment celui de la gouvernance des universités.

 

En outre, alors que le PS désire créer une allocation d’étude et de formation, l’UMP souhaite la création d’une banque de la jeunesse qui se portera caution pour financer les études ou un désir de création d’entreprise.

 

Alors que les élèves français ne sont plus qu’à la 23ème place mondiale pour la lecture, et la 24ème pour le calcul et que le nombre de jeunes qui sortent du système sans diplôme enfle chaque année, François Hollande et Nicolas Sarkozy mettent l’éducation au centre de leur programme. Toutefois, il est regrettable que les citoyens, acteurs de la vie politique ne soient pas davantage informés des différentes propositions. Hormis les 60 000 emplois supplémentaire dans l’Education Nationale proposés par le PS, les programmes des candidats ne semblent pas connus de la majeure partie de la population.

 

 

 

 

 







Réagir

Si vous souhaitez voir votre commentaire apparaître directement sur le site sans attendre la validation du modérateur, veuillez vous identifier ou créer un compte sur le site Paris Dépêches.


Publier le commentaire

Me prevenir des réponses




Commande de vin

Vêtements bio

retour menuRetour au menu

© 2013 AMLCF - Réalisation : NokéWeb