France Politique

UMP-FN : la semaine où la digue s’est brisée.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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La première semaine de campagne entre les deux tours aura révélé la rupture des digues existants entre la droite républicaine et l'extrême-droite.

 

En seulement cinq jours de campagne de l’entre-deux tours, les tentatives de séduction d’une partie des responsables de l’UMP sur les électeurs du Front National auront été totales et désormais, les brèches entre les deux partis semblent bel et bien rompues, ou du moins tellement fissurées qu’elles en apparaissent inexistantes.

Dès l’annonce des résultats Nicolas Sarkozy prononce un discours où la tonalité de sa campagne de l’entre-deux tours se fait entendre : les frontières, la dénonciation de l’assistanat, l’immigration et l’insécurité seront ainsi au menu de la campagne UMP. Pourtant, ces thématiques avaient déjà été abordées avant le 22 avril 2012, il faudra donc aller nettement plus loin qu’auparavant pour réussir à séduire ces électeurs.

D’abord, la première étape est de ne surtout pas diaboliser ces électeurs comme on a pu le faire par le passé, mais au contraire affirmer qu’on les comprend. « Je connais les angoisses et les souffrances des français. Je les comprends : protection des frontières, immigration, travail, sécurité » déclare Nicolas Sarkozy dès dimanche soir, tandis que les différents ténors, tout au long de la première semaine de campagne, affirmeront que « c’est un vote de crise, de confiance » et que surtout, ces électeurs ne sont pas racistes « ils veulent renverser la table » explique Rama Yade.

Vient dès le lendemain du premier tour le discours de Saint-Cyr-sur-Loire où le président en campagne dégaine ses munitions les plus lourdes pour chasser les voix de l’extrême-droite. Et cela concerne naturellement l’immigration, thème de prédilection de Marine Le Pen. « Je tire la même leçon qu’eux, nous ne pouvons plus continuer ainsi. La frontière sert à protéger. Les grands pays qui réussissent sont ceux qui ont cru à la nation et font respecter leur identité nationale » juge-t-il, droits dans les sabots des thématiques de l’extrême-droite, qui l’amènent aussi naturellement à brandir comme un chiffon rouge tout au long de la semaine, le droit de vote des étrangers aux élections locales, que désire la gauche.

Dans le même temps le candidat UMP sort sa théorie du « vrai travail » et son invitation à se rassembler le 1er mai à Paris pour célébrer ce concept, ce qui suscite une grosse polémique, notamment pour les syndicats qui se sentent visés et insultés, tandis que certains vont sentir des relents pétainistes dans le discours de Nicolas Sarkozy. La tension monte d’un cran, mais l’objectif pour Nicolas Sarkozy est surtout de montrer aux électeurs de Marine Le Pen qu’il veut combattre l’assistanat et la fraude sociale.

Deuxième temps, dédiaboliser Marine Le Pen et ses électeurs en estimant la candidate « compatible avec les valeurs de la république ». Deux jours plus tard le président en campagne estimera que Marine Le Pen n’est pas d’extrême-droite, ce que la patronne du FN clame depuis des mois par ailleurs.

Troisième temps : brandir la menace du communautarisme que représenterait l’arrivée de François Hollande au pouvoir, en inventant notamment des soutiens douteux. Un appel de 700 mosquées ou un appel à voter de Tariq Ramadan qui feront polémiques tout au long de la semaine, une attaque contre la porte-parole du candidat qui est d’origine marocaine et encore et toujours des discours portant sur les horaires de piscine, le halal ou l’excision.

Si le candidat Sarkozy ne veut pas encore incorporer la préférence nationale à son programme, il prend néanmoins la présomption de légitime défense pour les policiers à l’occasion d’un fait divers. Marine Le Pen salue alors « la victoire idéologique » mais dénonce le fait que le président en campagne se serve de la sorte dans son programme. De même, il s’approprie le discours même de Marine Le Pen en campagne en attaquant sans cesse les journalistes, les élites et les syndicats et en voulant se présenter en tant que « candidat du peuple contre le système ».

La brèche finale concernera la question du front républicain contre le Front National. Alors qu’en 2011, lors des cantonales on aura vu certains ténors prôner l’abstention en cas de duel FN-PS, certains membres de l’UMP ont réitéré cette semaine, en indiquant ne jamais vouloir voter socialiste en cas de duel, et en étant prêt, dans certains cas, à passer des alliances avec l’extrême-droite au niveau local. Propos d’ailleurs avalisés par Nicolas Sarkozy en personne qui préfère voter blanc ou s’abstenir dans un tel cas de figure. Désormais, plus aucun mur n’existe entre la droite républicaine et l’extrême-droite.







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