France Politique

Ces affaires qui trainent dans l’ombre de Nicolas Sarkozy.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Retour sur les scandales judiciaires qui ont trainé dans l'ombre de Nicolas Sarkozy durant tout ce quinquennat.

Il n’y a pas que les fédérations socialistes de certains départements qui posent problème, comme l’a abondamment prouvé ce quinquennat qui fut émaillé de plusieurs scandales judiciaires qui touchent directement l’actuel président de la république.

·         L’affaire Karachi.

C’est une très vieille affaire politico-financière qui pourrait ne trouver une issue judiciaire que près de vingt ans après les faits. Au départ, un attentat au Pakistan qui touche des familles françaises le 08 mai 2002 et qui suscite la mise en place d’une enquête qui va, peu à peu, mettre à jour de très louches ventes d’armes réalisées sous le Gouvernement Balladur, et qui auraient générées de très généreuses commissions dont une partie aurait pu financer illégalement la campagne présidentielle d’Edouard Balladur…un très proche de Nicolas Sarkozy qui était alors son ministre du budget.

Ce sont les investigations de deux juges financiers, le juge Van Ruymbeke et le juge Le Loire qui vont découvrir des contrats d’armements passés entre la France et le Pakistan et l’Arabie Saoudite en 1994, pour des montants faramineux, et qui auraient donné lieu à des rétrocommissions servant à financer en partie la campagne présidentielle du Premier Ministre de l’époque. Hypothèse rendue d’autant plus plausible que le président du conseil constitutionnel de l’époque, Roland Dumas, a confirmé récemment qu’à l’examen des comptes de campagne d’Edouard Balladur, il apparaissait évident que ceux-ci étaient faux. Cependant, pour ne pas remettre en cause le choix des français, les sages du conseil ont décidé de le valider.

Si le versement de commissions à des intermédiaires lors de tels contrats d’armement était autorisé à l’époque, l’intervention du sulfureux Ziad Tiakeddine vient changer la donne, dans la mesure où des investigations des juges ont révélé que ce dernier avait touché le paiement de 85%  de ses frais au cours de l’année 1994, et non pas progressivement comme c’était supposé être le cas. Or, une partie de l’argent versé à Ziad Tiakeddine serait revenue en France pour le compte d’Edouard Balladur.

C’est seulement à partir de 2009-2010 que les juges vont commencer à s’intéresser à Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy. Ce dernier est notamment soupçonné d’avoir été au courant de ces transactions illégales qui transitaient par une société écran au Luxembourg, la société Heine, dont la constitution avait été alors validée par le président sortant. Son nom est donc mêlé à cette affaire.

En outre, Thierry Gaubert, proche ami de Nicolas Sarkozy, est mis en examen en 2011 dans cette affaire, soupçonné d’avoir joué un rôle dans les transferts d’argent entre la Suisse et la France, en compagnie de Ziad Tiakeddine. De même, Nicolas Bazire, ancien collaborateur d’Edouard Balladur et ami proche de Nicolas Sarkozy, jouant un rôle non négligeable à l’UMP, a lui aussi été mis en examen dans le cadre de cette affaire pour complicité d’abus de biens sociaux.

Si Nicolas Sarkozy n’est pas réélu dimanche, et qu’il perd son immunité judiciaire, il pourrait très vite être convoqué chez les juges.

·         L’affaire Bettencourt.

C’est un véritable tsunami qui s’abat sur l’Elysée à l’orée de l’été 2010 qui va marquer le début d’un soupçon durable pesant sur la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. A l’origine, une simple affaire familiale qui va vite toucher le pouvoir exécutif en place et faire chuter un ministre alors en charge de la douloureuse réforme des retraites.

Si l’histoire, dès le départ n’est pas ordinaire dans la mesure où elle concerne la femme la plus riche d’Europe, elle est pourtant avant tout familiale, avec un photographe, François-Marie Banier, accusé d’abus de faiblesse sur l’héritière l’Oréal, Liliane Bettencourt, par la fille de cette dernière, Françoise Bettencourt-Meyers. Mais très vite, les enregistrements secrets réalisés par le majordome de la famille viennent jeter le feu aux poudres et dévoilent un véritable scandale d’état.

Corruption, financement politique illégal, évasion fiscale, pressions sur la justice, trafic d’influence…les accusations vont exploser cet été-là, rendant l’atmosphère politique proprement invivable. Mais les révélations de la presse, qui a ici joué un rôle fondamental (le Monde, le Point et Mediapart principalement) accablent le pouvoir en place.

Aux origines de ce scandale d’état, la décision de Mediapart de révéler certaines parties des enregistrements réalisés par le majordome qui mettent à jour diverses opérations financières pour échapper au fisc, sous la tutelle du gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, mais aussi des relations douteuses avec les époux Woerth, dont la femme est une salariée de la famille Bettencourt, et d’une possibilité de financement illégal de campagne électorale après les révélations de l’ancienne comptable de la famille, Claire Thibout, qui atteste avoir vu défiler des enveloppes d’argents destinées à des hommes politiques, dont Nicolas Sarkozy en 2007, entre les deux tours de la campagne présidentielle entre autres.

Suite à ces révélations, des examens des comptes et des témoignages vont permettre de constater que ce sont presque 400 000 euros qui manquent. Les auditions s’enchainent alors, la comptable confirme ses accusations envers le pouvoir et Liliane Bettencourt apparait médicalement comme une femme sous influence, manipulée par certains membres de son entourage. Et c’est très vite au tour d’Eric Woerth d’être incriminé quand on apprend qu’il a remis la légion d’honneur à Patrice de Maistre qui se révélé être un évadé fiscal…qu’était supposé pourchasser justement le ministre du budget Eric Woerth. Il est alors entendu par la police.


12 juillet 2010 : Sarkozy s'explique sur Woerth... par Mediapart

Ce dernier voit les ennuis s’accumuler quand on découvre que Liliane Bettencourt est coupable d’évasion fiscale, mais aussi que Liliane Bettencourt a signé trois chèques en faveur de Nicolas Sarkozy, du micro-parti d’Eric Woerth et de Valérie Pécresse pour sa campagne aux régionales. Et quand les carnets du photographe François-Marie Banier, saisis par la justice, évoquent une rencontre en mars 2007 entre Nicolas Sarkozy et la vieille dame, les soupçons grandissent, d’autant que la femme de chambre révèle avoir du faire apprendre par cœur une vote à l’héritière à l’occasion d’une visite à l’Elysée. La note en question disait « je vous ai soutenu pour votre élection avec plaisir, je continuerai à vous aider personnellement, j’ai des problèmes graves avec ma fille, qui peuvent avoir des conséquences pour l’Oréal et donc pour l’économie du pays ».

Depuis ces révélations l’enquête suit son cours, même si le refus initial du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, proche ami de Nicolas Sarkozy, de confier l’enquête à un juge d’instruction indépendant, suscita de vives protestations de la part de l’opposition et du monde de la magistrature. Quant à la presse qui a révélé les méandres de cette tortueuse affaire d’état, elle est assignée en justice pour avoir divulgué une partie des enregistrements du majordome. La cour d’appel, puis la cour de cassation, donneront raison à Mediapart qu’attaquent violemment pourtant les membres du Gouvernement, dont Xavier Bertrand qui n’hésite pas à qualifier leurs méthodes d’investigation de « fascistes ». La justice sera saisie contre lui.

Pendant plus d’un an l’enquête suit son cours, jusqu’en février 2012, où Eric Woerth est mis en examen deux fois, pour recel et trafic d’influence passif. Patrice de Maistre est placé en détention et le juge en charge de l’affaire le laisse clairement entendre : il attend de l’ancien gestionnaire de fortune des aveux sur l’illégalité du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Par ailleurs, si ce dernier perd le 6 mai 2012 sa fonction de président, et de facto son impunité juridique, il sera aussi vite que possible convoqué chez les juges.

·         L’affaire Tapie.

C’est en 2009 qu’éclate cette affaire qui devient vite un scandale public mettant en scène la ministre de l’économie Christine Lagarde et l’ancien homme d’affaires controversé, Bernard Tapie, anciennement ministre de François Mitterrand, qui soutient aujourd’hui Nicolas Sarkozy. C’est en effet il y a trois ans que l’état verse la somme de 403 millions d’euros à l’homme d’affaires en raison d’un arbitrage de l’état dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Une somme énorme qui indigne l’opinion publique et qui suscite quelques interrogations quant à sa légalité, au point où ladite ministre Christine Lagarde, actuellement à l’abri à la tête du FMI, fait l’objet d’une enquête par la Cour de Justice de la République.

C’est le 04 août 2011 qu’une enquête contre l’ancienne ministre est ouverte pour des faits de « complicité de faux par simulation d’acte et de complicité de détournement de fonds publics ». Des accusations graves qui font suite à des manquements et irrégularités constatés dans cet arbitrage, et qui mettent en cause le Président de la République mais aussi le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo.

« De l’ensemble de ces décisions systématiquement défavorables aux intérêts du CDR de l’EPFR et de l’état résultent des indices graves et concordants faisant présumer que, sous l’apparente régularité d’une procédure d’arbitrage, se dissimule en réalité une action concertée en vue d’octroyer aux époux Tapie et aux sociétés dont ils détiennent, directement ou indirectement, le capital, les sommes qu’ils n’avaient pu, jusqu’alors obtenir, ni des tribunaux judiciaires, ni par la médiation tentée en 2004, ni lors d’une seconde négociation menée en 2006, après le prononcé de l’arrêt de la cour d’appel de Paris, celle-ci ayant également été abandonnée, compte tenu des prétentions jugées inacceptables de Mr Tapie » a ainsi estimé le procureur général près de la Cour de Cassation, Jean-Louis Nadal.

Tout d’abord, c’est l’utilisation même de la procédure d’arbitrage qui semble suspicieuse, dans la mesure où la décision de la Cour de Cassation en 2006 tournait à l’avantage de l’état et que le renvoi devant la cour d’appel avait beaucoup de chances de confirmer ce jugement défavorable à Bernard Tapie. Recourir à l’arbitrage, qui fut une décision de Nicolas Sarkozy, était de surcroit illégale étant donné que la loi interdit à un établissement public de recourir à un arbitrage, ce qui recouvre naturellement l’Etat français.

En outre, il a été découvert après l’arbitrage qu’un des trois arbitres pouvait souffrir « d’un éventuel motif de récusation », ce que savait Christine Lagarde mais qu’elle a choisi de ne pas communiquer. Or, de facto, le fait qu’un des arbitres était proche de Bernard Tapie pourrait tout simplement rendre cet arbitrage inopérant.

Dans le viseur des juges aujourd’hui, on trouve naturellement Christine Lagarde pour son rôle de premier plan, Jean-Louis Borloo qui était l’avocat de Bernard Tapie et qui a plaidé en faveur d’un arbitrage, et Nicolas Sarkozy, également proche de Bernard Tapie, et qui a décidé, contre les règles, de requérir un arbitrage. L’enquête, actuellement en cours, pourrait aboutir bientôt à une audition ou une mise en examen de l’ancienne ministre des finances.

·       L’affaire Kadhafi.

Les relations entre Nicolas Sarkozy et la Libye de Mouammar Kadhafi ont été ambiguës ces cinq dernières années. Après l’accueil en grande pompe du dictateur libyen en décembre 2007 à l’Elysée, ce qui a suscité de nombreuses critiques, provenant entre autres de la secrétaire des droits de l’homme de l’époque, Rama Yade, suivies trois ans et demi plus tard d’une intervention dans la même Libye pour renverser le guide Kadhafi, plusieurs scandales ont éclaté après des révélations provenant de différentes sources qui jettent le trouble sur les relations passées entre les deux hommes.

La vente de nucléaire à la Libye.

Ce n’était qu’une rumeur qui s’est retrouvée étayée par Anne Lauvergeon, ancienne PDG d’Areva, il y a quelques semaines. Selon l’ancienne conseillère de François Mitterrand, évincée de son entreprise par l’actuel chef de l’état, ce dernier négociait en 2010 la vente de nucléaire à la Libye, parlant même d’une séance à l’Elysée à l’été 2010 où Claude Guéant et Henri Proglio auraient tenté de la convaincre de passer des accords de vente d’armements nucléaires à la dictature de Mouammar Kadhafi.

L’échange de nucléaire contre la libération des infirmières bulgares.

Ce fut un des premiers dossiers internationaux du nouveau chef de l’état, lors de l’été 2007. Toute une opération fut en effet menée par l’Elysée pour délivrer ces infirmières condamnées à la prison à vie pour avoir inoculé sciemment le virus du sida à des enfants, prétendait le pouvoir libyen. A l’époque, l’opération fut saluée comme un large succès de la part de Nicolas Sarkozy mais le doute a toujours subsisté sur la question de savoir si un accord secret avait eu lieu entre les deux dirigeants pour aboutir à un tel résultat. Le journal les inrocks clame aujourd’hui que Nicolas Sarkozy a obtenu la libération de ces femmes en échange d’accords nucléaires réalisés en faveur de la Libye.

Un financement de campagne douteux ?

C’est une énorme bombe qu’a lâché une première fois, en mars dernier, le site d’information Mediapart, avant d’apporter des preuves supplémentaires une semaine avant le second tour de l’élection présidentielle. Selon les journalistes de ce site d’information, la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 aurait reçu des fonds libyens, de Mouammar Kadhafi, qui aurait ainsi apporté cinquante millions d’euros à la campagne électorale du ministre de l’intérieur de l’époque.

Si le président-candidat a naturellement vigoureusement démenti, et porté plainte contre Mediapart, le site produit néanmoins un document qui attesterait de cette réalité et qui a été infirmée par l’auteur et le destinataire présumés de la lettre, mais confirmé par un ancien premier ministre libyen qui aurait validé le montage financier.

Le site s’appuie également sur les fréquents voyages de Claude Guéant et Brice Hortefeux en Libye, mais aussi sur les dires de Ziad Tiakeddine, l’homme d’affaires libanais qui fut proche de Nicolas Sarkozy tout au long des années 2000, mouillé dans l’affaire Karachi et au passé trouble, et le fils de Kadhafi, Saïf al Islam, lui-même avait demandé publiquement à Nicolas Sarkozy de rendre l’argent prêté par son pays pour sa campagne. Enfin, avant de mourir, Mouammar Kadhafi avait lui menacé de révéler un grave secret qui pesait sur la campagne de 2007, et qui serait de nature à faire tomber le président Sarkozy.







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Choubidou

03/05/2012 17:01

Comptes de campagne 2012

Ils vont être validés par un magistrat qui a accordé 15 ans d’impunité au directeur de campagne de F. Mitterrand passé avec 30 Mf à travers le parquet de Paris, la direction des affaires criminelles et des grâces et la cour de justice, afin de préserver le rapprochement de deux journaux qu’on lit tous les jours, le juge d’instruction défendant les intérêts de l’un d’eux, et se présentant aux législatives pour le PS .

Récupérer le non-lieu d’anthologie - 8 lignes 3 erreurs grossières - auprès de Sm Usm Commission des lois Assemblée et sénat

Que vaut la validation des comptes de campagne ?

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Anonymous

03/05/2012 17:01

Comptes de campagne 2012

Ils vont être validés par un magistrat qui a accordé 15 ans d’impunité au directeur de campagne de F. Mitterrand passé avec 30 Mf à travers le parquet de Paris, la direction des affaires criminelles et des grâces et la cour de justice, afin de préserver le rapprochement de deux journaux qu’on lit tous les jours, le juge d’instruction défendant les intérêts de l’un d’eux, et se présentant aux législatives pour le PS .

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