France Politique

La stratégie du Front aura échoué.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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En choisissant de faire campagne sur des thèmes résolument frontistes, Nicolas Sarkozy a très certainement accéléré la défaite de son camp.

 

C’est toute la stratégie de Patrick Buisson qui a échoué au grand jour hier soir. Ce conseiller/gourou du président sortant, ancien directeur du journal d’extrême-droite Minute, était celui qui a réussi à imposer une stratégie de campagne basée sur une tentative de reconquête des électeurs du Front National, en martelant les thèmes chers à l’extrême-droite et en « lepénisant » ses propos. Cela avait marché en 2007, mais le même hold-up idéologique ne peut pas fonctionner deux fois quand il n’y a pas eu de résultats la première fois.

« Ca sera d’autant plus dur que tout le monde va mettre son échec sur le dos de sa personnalité. S’il perd, il va souffrir » confiait Jean-Pierre Raffarin qui n’était absolument pas d’accord avec la ligne Buisson, mais qui, jusqu’au bout, a voulu rester loyal au président sortant. Pourtant tout au long de sa campagne, discrètement ou plus explicitement, les désaccords avec la stratégie adoptée se sont fait connaitre, et expliquent en grande partie l’échec de cette campagne que Nicolas Sarkozy aura finalement mené seul, sans le concours des grandes voix de son parti, ministres et responsables, qui furent bien trop mal à l’aise pour jouer un rôle d’importance.

C’est en février dernier, quand les sondages continuaient de mettre François Hollande en tête avec une insolente avance, que Nicolas Sarkozy et son équipe décidèrent de sortir de la campagne style « président protecteur face à la crise » pour aller à droite toute. Interview dans le Figaro où le président sortant propose la tenue de deux référendums sur le chômage et l’immigration. Le ton est alors donné et la ligne de campagne ne déviera plus : obsession de l’immigration, du halal, de la laïcité et de la menace communautaires seront les boussoles de campagne d’un Nicolas Sarkozy qui, pour éviter de mettre en avant son bilan que les français considèrent comme globalement très mauvais, ne parlera pas ou peu de thèmes socio-économiques, qui pourtant sont les premières préoccupations des français.

Si les membres de la droite dite modérée, centriste ou humaniste, choisissent de se taire, c’est en espérant que dans l’entre-deux tours, la campagne se jouera au centre et Nicolas Sarkozy partira à la conquête des électeurs de François Bayrou. Mais las, le score trop élevé de Marine Le Pen douche les espérances et une course poursuite s’ensuit alors avec les thèmes du Front National. Nicolas Sarkozy va loin, trop loin dans la tentative de séduction de ces électeurs, ne comprenant pas que ce qui les anime avant tout, c’est moins la haine xénophobe de l’immigré qu’une insécurité sociale majeure qui les pousse à regarder le président sortant comme « le président des riches ».

« Et dire que certains me conseillaient de faire campagne au centre » lâche avec hargne l’ancien chef de l’état au soir du premier tour. « Certains », ce sont les François Fillon, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, l’aile centriste menée par Pierre Mehaignerie, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand, entre autres, qui ont eux fait campagne dans leur coin, en parcourant les départements de France et en multipliant les réunions où ils parlaient volontiers du bilan de leur candidat, en parlant d’économie et de social et en s’acharnant à démonter le programme de François Hollande. Très loin donc du halal, des horaires de piscine ou de la burqa dont parlait tout le temps Nicolas Sarkozy. Auraient-ils eu plus d’influence sur le président sortant, peut-être que les résultats d’hier soir eut été légèrement différents…

 







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