Hauts-de-Seine (92) Politique

Christophe Grébert (Modem) : « Il faut en finir avec le clientélisme qui règne à Puteaux »

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

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Christophe Grébert - flickr

Paris Dépêches a rencontré l’opposant centriste au maire de Puteaux. Depuis plus de dix ans, il dénonce sur son blog les agissements de Joëlle Ceccaldi-Raynaud (UMP), et s’apprête à l’affronter pour la seconde fois lors d’une élection municipale qui s’annonce mouvementée.

Arrivé à Puteaux en 1991, Christophe Grébert n’en est pas à sa première campagne. Scandalisé par la gestion « clientéliste » de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, cet ancien étudiant en sociologie urbaine, passionné par la ville et l’aménagement urbain, se présente pour la seconde fois face au maire UMP sortant. Les deux personnalités politiques se sont souvent affrontées devant les tribunaux. Cette fois, ils se défient dans les urnes pour « libérer la ville du ‘ceccaldisme’. »
 

Paris Dépêches : Comment vous êtes-vous lancé en politique ?

Christophe Grébert : L’élément déclencheur a été le 21 avril 2002 quand Jean-Marie Le Pen finit deuxième aux présidentielles, devant Lionel Jospin, que je soutenais. Cela m’a donné envie d’agir au niveau citoyen. J’ai donc ouvert mon blog Monputeaux.com le 1er mai 2002. L’objectif était de mettre à profit mes techniques de récupération des informations, acquises avec mon travail de journaliste, pour débattre. Il n’y avait aucune action politique, aucun but électif. Je me suis inscrit au PS pour être dans un cadre organisé mais le parti m’a déçu par les batailles internes alors j’ai présenté une liste citoyenne, sans étiquette en 2008. Nous réalisons un bon score face au maire actuel (22,35% au 1er tour, 25,37% au second), je fais donc mon entrée dans l’opposition municipale. J’y apprends le fonctionnement d’une ville, la gestion du budget municipal. Une expérience indispensable qui m’a permis d’être plus préparé, plus professionnel. Je suis prêt à devenir maire aujourd’hui.
 

Quand sortira votre programme et quels en sont les grands axes ?

Pour l’instant, nous en sommes à la concertation. Notre programme sortira en janvier 2014 avec des projets concrets, un programme complet et chiffré. Mais nous avons déjà donné les grandes lignes de notre projet sur puteaux2014.fr, à savoir une gestion efficace d’une des villes les plus riches de France et le développement d’une ville solidaire avec une redistribution juste à la population. Il faut en finir avec le clientélisme qui règne à Puteaux. Nous avons pour objectif de mener une politique ambitieuse et surtout innovante, ce qui jusqu’ici n’a jamais eu lieu dans cette ville. Enfin, nous souhaitons aider la population de manière plus juste : accompagnement des personnes âgées, soutien des familles et accès à la formation, à l’emploi et au logement pour les jeunes.
 

La ville de Puteaux bénéficie d’une bonne marge de manœuvre financière grâce aux revenus de La Défense. Avec la crise, devrez-vous faire des économies ?

Faire des économies, oui, en fixant des priorités pour la ville. Avec le maire Ceccaldi-Raynaud, c’était : « Tout ce qui brille. » Par exemple, le budget pour les illuminations de Noël est d’un million d’euros alors que pour Paris il est de 800 000€. C’est hallucinant. Il faut arrêter ce gaspillage ! Actuellement, il n’y a pas d’investissements contrôlés. Alors que le budget de la ville se porte très bien, le maire a continué d’augmenter les impôts pour organiser des fêtes, ce qui apporte un bonheur très succin aux habitants. Nous, nous réduirons la taxe d’habitation de 20% dès avril 2014, ce qui représente 1,4  million d’euros redistribués à 20 000 familles. De la même manière, nous bloquerons les tarifs municipaux qui ont augmenté de 33% sur la précédente mandature. Et nous instaurerons des tarifs dégressifs selon les revenus. Ce sont plus des ¾ des familles qui seront concernées par une hausse de leur pouvoir d’achat. L’objectif n’est pas de supprimer des services offerts par la mairie, mais au contraire de mieux gérer, pour en rendre de nouveaux, plus ambitieux.
 

Que pensez-vous de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, actuelle maire UMP de Puteaux ?

Je ne la considère pas comme compétente. Elle est arrivée à ce poste grâce à son père. Or, le talent politique ne se transmet pas par les gênes… Puteaux, c’est quatre décennies de pouvoir familial. En ce moment, Joëlle Ceccaldi-Raynaud essaie de placer son fils, Vincent Franchi, dans sa liste municipale et selon ce que je sais, Charles Ceccaldi-Raynaud, le père, essaierait de monter une liste contre sa propre fille car il lui reproche de lui avoir enlevé le pouvoir. Il y a un vrai problème démocratique à Puteaux. La démocratie, c’est l’alternance. Le maire et son équipe sont indignes de leur mandat et ont mis de côté l’intérêt général en favorisant le clientélisme pour conserver les voix de leurs électeurs. Je n’ai pas de haine envers le maire, mais il faut casser ce cercle vicieux grâce à un projet solide.
 

Un mot sur les autres adversaires ?

Sylvie Cancelloni (UDI) est une amie (NDLR : elle était dans sa liste en 2008), mais elle a pris une voie différente, celle d’une droite affirmée. Je suis centriste et ma liste est citoyenne. Mais nous avons un objectif commun : l’alternance et en finir enfin avec le « ceccaldisme ». C’est la même chose pour le PS, représenté par Stéphane Viaza. On se connait depuis longtemps et nous avons tous les trois ce même objectif d’alternance. Faisons en sorte de nous retrouver ensemble au second tour. Je suis certain que nous saurons dépasser nos ambitions personnelles. Les divergences idéologiques sont peu importantes par rapport aux intérêts municipaux. Il faut faire preuve de pragmatisme pour favoriser l’intérêt général. Le 1er tour sera une sorte de primaires entre nous. Quant à Gérard Brazon (FN), c’est une inconnue. Il est là pour se venger du maire car c’est un ancien de l’UMP qui n’a pas été repris en 2008. Et puis les extrémismes, quels qu’ils soient, n’ont rien à faire dans la vie publique d’une municipalité. Il ne défendra rien et ne proposera rien.
 

Quelle est la composition de votre liste municipale ?

C’est une liste citoyenne soutenue par le Modem, EELV et le PRG (Parti Radical de Gauche). Mais dans le cadre d’une élection municipale, les partis ont peu d’importance. L’important est de libérer cette ville qui a des capacités financières énormes, un site géographique extraordinaire. C’est une ville où il y a de nombreux jeunes actifs (le mouvement Jeunes pour Puteaux fait également parti de sa liste). Puteaux a les moyens de répondre aux demandes de logement ou de places en crèches. C’est à croire que l’équipe actuelle réduit volontairement les places en crèches pour que les citoyens aient l’impression que c’est grâce au maire quand une place se libère. Mais je ressens une réelle envie de changement de la part de la population, ce qui était moins le cas en 2008. Cette fois, les citoyens en ont marre de ce système vieillot des années 50-60 où les petits arrangements entre amis demeurent la règle.
 

Vous avez signé la charte Anticor. Pourquoi ?

Je connais Anticor depuis très longtemps et je les soutiens. Ils défendent des valeurs de transparence de la vie politique, de contre-pouvoir, de contrôle. Aujourd’hui, la démocratie a besoin de se moderniser pour tendre vers une démocratie participative. Cela passe par la transparence. Un maire doit justifier ses décisions, mettre l’information à disposition par le biais de l’Open Data (données ouvertes), réaliser des sondages et des enquêtes pour répondre aux attentes. Enfin, et cela est très important, il doit respecter l’opposition. La politique, ce n’est pas la guerre. Il faut savoir gérer le débat politique. Si Ceccaldi-Raynaud entre dans l’opposition, je serai respectueux d’elle dans son rôle d’opposante. Si elle considère que certaines choses ne sont pas justes, elle doit pouvoir exprimer ses critiques.
 

Vous dénoncez de nombreux problèmes sur votre blog. Où en sont ces affaires ?

Concernant le récent conservatoire, j’ai alerté les organisations de contrôle comme la DRAC qui devrait réaliser une enquête. Il y a, dans ce bâtiment, des problèmes de climatisation qui ont donné lieu à de nombreux malaises, notamment de professeurs. C’est un projet aberrant du début à la fin. Il y a eu 46% de dépassement financier par rapport au projet initial et il y a des gros problèmes sur ce chantier.

Il y a des sujets plus symboliques comme l’inaccessibilité de mon blog sur le réseau Wifi de la ville. Mais cela témoigne d’une façon spécifique de gérer la vie publique. Elle a arrêté l’abonnement des journaux de gauche à la médiathèque, sous prétexte qu’il fallait faire des économies. Cela représentait 20 000€ d’abonnements par an et dans le même temps elle dépense plus de 4 millions d’euros pour organiser des fêtes ou des réceptions. Elle pourrait au moins assumer sa censure comme l’a fait le FN à Vitrolles. Désormais les journaux sont accessibles en numérique à la médiathèque, mais comment font les personnes âgées pour les consulter ? Elle est dans l’hypocrisie et le mensonge. Cela laisse penser qu’elle agit comme ça pour tout.
 

Edit : Contacté par la rédaction afin de réagir à cet article, le maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, n'a pas désiré répondre à nos questions. 
 

Edit 2: Réaction de Gérard Brazon, candidat Front National à Puteaux : 

"Monsieur Grébert se pose en victime la plupart du temps. Il refuse les droits de réponse sur son blog. Il me traite d'extrémiste parce que je suis le candidat du FN. Il souhaite nier ma présence dans la ville qu'il ne peut pas contester. Venant du socialisme et ayant échoué au Modem, il est mal venu de citer mon ancienne appartenance politique que j'ai quitté par conviction et non par intérêt politique."







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