Paris (75) Société

L’été est aussi dangereux que l’hiver pour les sans abri

Publié le  Par Paris Dépêches

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Pour les gens de la rue, l’été est une période critique car la chaleur est plus sournoise que les grands froids. Cette année, la mairie de Paris a décidé de mobiliser ses services pour maintenir une vigilance accrue. Christophe Louis, directeur du centre d’hébergement « Les enfants du canal » et responsable du collectif « Les morts de la rue » dit ce qu’il en pense à Paris Dépêches.

Paris Dépêches : On entend souvent dire que les sans abri meurent plus l’été que l’hiver… Est-ce vrai ?
Christophe Louis : Pas exactement, mais je dirais que l’été n’est pas moins dangereux que l’hiver, c’est clair. La mortalité est une donnée constante tout au long de l’année avec des pics au début et à la fin de l'année. Le problème de juillet et d’août, c'est que l’attention retombe. L’hiver, le froid ne se fait jamais oublier.
Une chose que les gens ne savent pas : on meurt beaucoup de déshydratation, mais peu d’hypothermie. Mais que se soit à Noël ou le 14 juillet, on décède surtout de rupture sociale.

La Ville de Paris annonce qu’elle se mobilise cet été. Il était temps ?

Oui, mais je trouve ça très bien. L’urgence c’est de maintenir pendant l’été ce qui existe durant l’année. La continuité du service, c’est déjà énorme. C’est ce que veut faire la mairie. Vous savez, les centres d’hébergement, les Restos du cœur, les associations ferment fin juin… Pourquoi ? Parce ce que les bénévoles qui font vivre ces structures partent en vacances… Et c’est normal. Il faut donc que les autorités publiques prennent enfin le relais. J’aimerais dire aussi qu’il ne faut pas baisser la garde sur les maraudes. Ce sont elles qui permettent de détecter les situations critiques. Elles maintiennent le lien entre les sans abri et l’autre…

L’Etat doit-il s’engager plus ?
Sans aucun doute. Regardez, un signe qui ne trompe pas : lors du dernier remaniement, personne n’a été nommé sur le portefeuille de la grande précarité. Pas de ministre, pas de secrétaire d’état. Il faut de l’argent, des moyens… Laisser les gens dans la rue, c’est les condamner à mort.
(Notons que Martin Hirsch est Haut-commissaire aux Solidarités actives, ndlr)
 
Avez-vous des contacts avec les trois départements qui entourent la Capitale ?
Oui, et de plus en plus. En ce moment au centre d’hébergement « Les enfants du canal », je reçois des dizaines de demandes quotidiennes de personnes qui viennent de banlieue. Cela n’arrête pas d’augmenter. Il y a pourtant des structures dans le 93 et 94. Les Hauts-de-Seine, c’est autre chose : il n’y a pas de centres, pas de logements sociaux, rien…

Collectif "Les morts de la rue"  : http://www.mortsdelarue.org
Site du centre "Les enfants du canal " : http://www.lesenfantsducanal.fr


En 2008, il y a eu 388 décès de sans domicile en France, 120 à Paris intra-muros.







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