Bouygues contre le Canard

Dans le procès qui oppose le Canard Enchainé au groupe Bouygues, le journal satirique n'a absolument pas l'intention de se laisser faire. Martin Bouygues a beau réclamer 9 millions euros de dommages et intérêts, les journalistes s'esclaffent et pointent du doigt de nouvelles preuves qui pourraient sérieusement embarrasser le magnat des médias.

"Les sources du Canard sont en bêton", que l'ami de Nicolas Sarkozy se le tienne pour dit. Et la ligne de défense ne varie pas d'un iota : hier, lors de l'audience devant le Tribunal de grande instance de Paris, le journaliste incriminé a expliqué avoir mené l'enquête pendant deux semaines, avec trois journalistes mais 7-8 sources qui lui avaient toutes indiqué "qu'une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Paris". Mais le journaliste poursuit qu'il ne révélera pas l'identité de ses sources, secret professionnel oblige.

Durant l'audience l'avocat du groupe a reproché au Canard de "se prendre pour la justice" et a dénoncé un "procès du ragot". Mais le problème le plus important serait que le jour de parution de l'article, l'action Bouygues aurait perdu 1 euro, soit en fait 459millions d'euros. D'où découlerait la demande de 9 millions d'euros.

La rédaction de l'hebdomadaire dénonce en revanche la tentative d'intimidation qui est faite là par le grand groupe, et apporte de l'eau à son moulin dans son édition d'hier en évoquant des preuves supplémentaires selon lesquelles Martin Bouygues aurait bénéficié de conseils d'experts de la défense qui auraient des entrées dans ce même ministère...ce qui bien sûr est totalement illégal. Résultat le 14 mars prochain.