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TikTok, coincé dans une guerre froide numérique

Publié le  Par Un Contributeur

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TikTok, réseau social dont la valeur est estimée à 30 milliards de dollars, a déclenché une « urgence nationale » aux USA. Coincé dans une guerre froide numérique entre les États-Unis et la Chine, TikTok va-t-il disparaître ?... Par Théo Bassilana

Déjà, pour remettre un peu de contexte, comment est né TikTok ? TikTok est lancé en 2017 par ByteDance, une entreprise numérique basée à Pékin. Cette même année, ByteDance rachète musical.ly pour près d’un milliard de dollars et décide de fusionner les deux applications. TikTok naît, TikTok émerge.


Aujourd’hui, TikTok, qu’est-ce que c’est ? Une application chinoise qui génère près de 2 milliards de téléchargements dans le monde, avec 80 millions d’utilisateurs aux États-Unis. Un succès planétaire qui constitue l’une des applications les plus téléchargées au monde. Oui, tout comme Trump, vous l’avez bien lu : "application chinoise au succès planétaire"… Et vous pensiez réellement que les États-Unis pouvaient laisser passer ça ?


Un succès qui dérange fortement la Maison-Blanche…


Le 5 août, le secrétaire d’État américain dénonçait cette réussite : « Étant détenue par des maisons mères chinoises, l’application TikTok fait peser des menaces significatives sur la protection des données personnelles des citoyens américains. » Jusqu’à affirmer que ces données « permettent potentiellement à la Chine de pister des employés du gouvernement, de réunir des dossiers personnels à des fins de chantage et de pratiquer l’espionnage industriel ».


Finalement, cette réussite oblige Donald Trump à déclarer l’« urgence nationale ». Au-delà de mettre du Wejdene, une chanteuse française, en boucle tout l’été, TikTok est également accusée de censurer des vidéos sensibles pour le gouvernement chinois. Plusieurs exemples sont évoqués, comme l’oppression des musulmans ouïghours ou encore les manifestations pro-démocratie à Hong Kong…
 

Jusqu’à obliger ByteDance à céder TikTok


Le 7 août, Donald Trump, qui a trouvé son nouvel ennemi avant les nouvelles élections présidentielles, signe un décret contre TikTok. Il donne exactement 45 jours à une entreprise américaine pour racheter l’application chinoise. Après ce délai -à partir du 15 septembre-, toute transaction sera interdite.

Si aucun rachat américain n’est effectué durant cette période, le décret servira de base pour forcer Google et Apple à retirer TikTok de leurs stores respectifs. Un moyen efficace d’empêcher l’accès au réseau social. Ou tout simplement un moyen très efficace d’exclure la Chine du numérique mondial.
 


Et comme le président américain a le sens des affaires, si le rachat est effectué, il exige qu’une « très grosse proportion » de la transaction revienne à l’État. « C'est comme pour un propriétaire et un locataire : c'est le bail qui donne la valeur. Nous sommes le bail », a-t-il déclaré.


« Nous sommes choqués » : TikTok tombe des nues


Dans un communiqué, la réaction de TikTok est claire : « Nous utiliserons tous les moyens disponibles pour nous assurer que l’état de droit est respecté et que notre entreprise et nos utilisateurs reçoivent un traitement équitable, si ce n’est pas auprès du gouvernement américain, alors ce sera auprès des tribunaux américains. »

Pour ByteDance, ce décret frise la folie mais surtout l’incompréhension. Elle affirme avoir « engagé sa bonne foi avec le gouvernement américain depuis près d’un an, dans l’objectif d’apporter une solution constructive aux préoccupations exprimées. On ne le répètera jamais assez :  les données récupérées ne sont pas transmises au Parti communiste chinois, mais restent au sein de l’entreprise ». En vain. Un dialogue de sourds. Ou du moins, en attendant un futur procès.


Est-il réellement possible de voir disparaître TikTok des États-Unis ?


Imaginons un premier scénario : aucun accord n’est trouvé le 15 septembre, Donald Trump est aux anges, le décret ordonne à Apple et Google de retirer l’application de leurs "stores", TikTok a un énorme souci. Une solution s’offre alors aux utilisateurs. Ils auraient la possibilité d’accéder à l’application via le navigateur du téléphone et de l’ajouter ainsi manuellement sur sa page d’accueil. Le jeu Fortnite, par exemple, fut lancé sur mobile sans passer par Google Play. Vous l’aurez compris, TikTok survivrait, mais ça réduirait fortement l’affluence.


Imaginons désormais un second scénario : Donald Trump opte plutôt pour une stratégie brutale, ordonnant aux opérateurs téléphoniques de bloquer tous les flux reliant les serveurs TikTok aux Américains. Cela ne vous rappellerait pas d’ailleurs une politique de censure utilisée fréquemment par la Chine ? Ennemies mais mêmes outils ?


Ce scénario-là ferait très mal à TikTok. Cette stratégie a été utilisée en Inde, où TikTok n’existe plus depuis le 29 juin. Le seul moyen de la contourner serait d’utiliser un VPN. Vous l’aurez compris, l’application perdrait encore plus de monde. Microsoft à la rescousse… Le 2 août dernier, Microsoft affirmait officiellement avoir entamé des négociations pour récupérer TikTok. Crédible ? Le temps nous le dira. En attendant, l’entreprise fondée par Bill Gates rassure Donald Trump : « Nous sommes pleinement conscients de l'importance de répondre aux préoccupations du président. Microsoft veillerait à ce que toutes les données privées des utilisateurs américains de TikTok soient transférées aux États-Unis et y restent. Dans la mesure où ces données sont actuellement stockées ou sauvegardées en dehors des États-Unis, Microsoft veillerait à ce que ces données soient supprimées. » De quoi satisfaire le locataire de la Maison-Blanche.



…Ou plutôt, Twitter ?


Samedi 8 août, le Wall Street Journal révélait le début de discussions entre Twitter et ByteDance. Pour "l’oiseau bleu", l’enjeu est tout autre. De taille nettement inférieure, ce dernier aurait beaucoup moins de chances de se faire épingler pour abus de position dominante. Néanmoins, il nécessiterait l’aide d’autres investisseurs pour acquérir TikTok. Twitter effacera-t-il son lourd échec, Vine, fermée en 2016 ?


TikTok, le réseau social des jeunes ancré dans une guerre froide numérique


Depuis sa prise de pouvoir, Donald Trump a largement désigné l’ennemi numéro 1 des États-Unis : la Chine. Elle représente le coeur de sa campagne électorale. L’image est claire : il est le défenseur de la menace chinoise.


Rappelez-vous lors du début de l’épidémie. Le président américain a largement accusé la Chine d’avoir dissimulé et propagé la COVID-19.


Du côté de Pékin, le décret est considéré comme une « manipulation et une répression politiques arbitraires » de la part de Donald Trump. Le porte-parole du gouvernement chinois n’a pas hésité à charger la Maison-Blanche : « Si l'on suit le mauvais exemple donné par les États-Unis, chaque pays pourrait utiliser la sécurité nationale comme excuse pour cibler les entreprises américaines. Les États-Unis ne devraient pas ouvrir la boîte de Pandore, ils risquent d’en payer eux-mêmes le prix cher. »


Théo Bassilana


Le décret forçant ByteDance à se séparer de TikTok a été signé le vendredi 14 aot, signale La Presse.







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