France Culture

La disparition d’Hervé Snout, d’Olivier Bordaçarre

Publié le  Par Pascal Hébert

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Eric Garault

Hervé Snout a disparu ! Mais qui est donc ce Hervé Snout ? Un chef d’une petite entreprise d’abattage. Il circule à vélo pour faire le trajet de son domicile à son lieu de travail. A priori, rien n’indique qu’Hervé Snout aurait pu se suicider, partir à la cloche de bois voire être enlevé ou assassiné. Le mystère entoure La disparition d’Hervé Snout, le dernier roman d’Olivier Bordaçarre. Conçu chronologiquement, avec le souci du détail, ce thriller s’ouvre ouvertement sur la vie des protagonistes.

En enquêteur de la vie de tous ceux qui sont en contact avec Hervé Snout, Olivier Bordaçarre nous montre un pan de la société avec ses hauts et surtout ses bas. Hervé Snout est du genre dominant et contrôlant. Dans son entreprise et dans sa vie privée, tout doit filer droit. Mais la vie ne se présente pas toujours comme on le souhaiterait. Avec sa femme Odile, c’est un semblant de couple qui se présente à la face de la société. Odile, son épouse, est atteinte par l’usure d’un couple qui ne regarde plus du même côté. Les enfants, Eddy et Tara, naviguent dans les eaux troubles d’une vie que l’un tente d’apprivoiser pour plaire au père et que la seconde combat en rejetant tout ce qui le représente.


Un matin, Hervé Snout quitte sa maison et ne donne plus signe de vie. Odile avait préparé le soir même un bœuf bourguignon pour fêter l’anniversaire de son mari. Il n’est jamais rentré. Odile se rend le lendemain à la gendarmerie pour signaler l’absence injustifiée d’Hervé Snout. Comme pour toute disparition, les forces de l’ordre préfèrent attendre de voir si le vilain mari retrouve le foyer conjugal après un moment d’égarement. Hervé Snout est majeur et a le droit de quitter les radars de la vie familiale. Du côté de l’entreprise, les salariés ne s’alarment pas plus que ça. Ils continuent leur boulot car les bêtes arrivent pour l’abattage comme d’habitude. La différence, c’est qu’ils n’ont plus le patron sur leur dos. Car Hervé Snout n’est pas un tendre. Il faut tenir la cadence. Et ses employés, il les a à l’oeil ! Surtout le dernier embauché qui a bien du mal à s’y mettre. Gus, le protégé de Gabin, un employé de confiance, ne semble pas dans le coup. Il ralentit l’abattage.


Au sein de cette entreprise de la mise à mort des animaux, une ambiance particulière règne. Chacun se débrouille avec les conditions d’un travail particulier où l’on exécute des vaches et cochons avant de les mettre en pièce pour la vente dans les supermarchés. L’alcool, la drogue n’arrangent guère la solitude et la perte du sens de la vie des ouvriers de la maison Snout. Les gendarmes finissent par diligenter une enquête pour tenter de résoudre la disparition d’Hervé Snout. Les témoignages des employés laissent apparaître beaucoup de tensions entre les équipes de la nuit et du matin. Le comportement d’Hervé Snout avec les femmes n’est pas très clair non plus. Les zones d’ombre de tous les acteurs de ce thriller apparaissent à la lumière. Odile, dont le corps a besoin d’exulter, a trouvé ce qu’elle cherchait avec son médecin. Du côté des employés, Gus, martyrisé par sa mère et sa grand-mère, a été placé chez les parents de Gabin. Ces deux-là ne se sont jamais quittés. Gabin est même devenu le protecteur de Gus. Du côté des gendarmes, le lieutenant Malassi, en charge de l’enquête, en pince pour la belle Odile.


A travers ses personnages, Olivier Bordaçarre traite de l’intérieur, avec une belle précision, la vie dans la cellule familiale, l’évolution d’un couple face à l’usure du temps et le monde du travail où la mise à mort est le quotidien. Mais au fait, qu’est devenu Hervé Snout ?


Pascal Hébert

"La disparition d’Hervé Snout", d’Olivier Bordaçarre. Editions Denoël. 353 pages. 21 euros.







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