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Triple A : du catastrophisme à l'anticipation

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Pas une surprise, mais un choc. La perte du triple A est donc survenue hier. Annoncée depuis des semaines, elle marque une année d'appréhensions et de mesures de rigueur qui n'auront finalement pas eu l'effet escompté.

Il y a 1 an encore, peu de français connaissaient le terme même de triple A. Pourtant aujourd'hui, il est devenu l'alpha et oméga de la vie politique française, le point de gravité autour duquel se sont positionnés tous les partis et les candidats à la présidentielle. Retour sur un changement de perspective important au Gouvernement.

La notion de triple A, cette excellente note décernée par les trois sherifs des marchés financiers, commence à apparaitre dans les médias et l'opinion publique fin juin 2011, quand la primaire socialiste commence à s'organiser et que le Gouvernement attaque les principaux candidats, et le projet socialiste, sur "l'irresponsabilité économique" de la gauche, qui menace de faire perdre ce triple A. Peu à peu l'opinion apprend que la réforme des retraites, assez difficile à passer, avait pour objectif de rassurer les marchés, et garder cette note.

Deuxième zoon sur le triple A se déroule en août quand on apprend avec stupéfaction que les Etats-Unis perdent leur note maximum. Jacques Attali se permet alors de déclarer que la France est également dans le viseur des agences de notation, ce qui fait monter au créneau le Gouvernement qui dément toute possibilité pour la France de voir sa note abaissée. A l'époque le Premier Ministre n'hésite pas à parler "d'un véritable danger".

En octobre les agences de notation annoncent clairement que la France n'est pas à l'abri de tout danger et le sujet du triple A envahit alors tous les radars. Dès la désignation du candidat socialiste au deuxième tour de la primaire, les membres de l'UMP attaque ce dernier sur son programme qui serait, selon les dires de la ministre du budget, la cause de cette menace de dégradation.

Le 17 octobre la menace se précise quand Moody's déclare clairement que la France risquerait de ne pas conserver son triple A. Les ministres courent alors les plateaux et les médias pour assurer qu'ils mettront tout en oeuvre pour garder le triple A car "c'est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social", selon François Baroin. Le ton devient dramatique et deux plans de rigueur sont adoptés pour justement conserver cette note. Plus personne à l'époque n'échappe à cette dramatisation de la perte du triple A.

Mais en décembre la musique change, quand l'Allemagne est menacée à son tour de perdre son précieux sésame. Soupir de soulagement à l'Elysée qui se voit associé dans la tourmente à son allié dont la bonne santé économique n'est plus à démontrer. L'opération dédramatisation est aussitôt lancée par l'UMP, le chef de l'état n'hésite d'ailleurs pas à dire que la perte serait une mauvaise nouvelle, "mais pas insurmontable". Les ministres renchérissent et les français comprennent peu à peu que la fin du triple A est inéluctable. Elle surviendra donc à la rentrée, sans surprise, mais en provoquant quand même une onde de choc. A partir de maintenant, plus rien n'est sûr et les conséquences sont à dessiner et à surmonter, au jour le jour.







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