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Tags à Oradour, l'ombre de Vincent Reynouard

Publié le  Par Fabrice Bluszez

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Les tags sur la façade du musée qui ouvre l'accès au village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) cachés par une bâche, disaient : "Village menteur. A quand la vérité ? Reynouard a raison." Vincent Reynouard, condamné plusieurs fois pour révisionnisme...


Pourquoi Oradour serait-il un "village menteur" plutôt qu'un "village martyr" et qui est Vincent Reynouard ? Vincent Reynouard, 51 ans, n'est pas conu du grand public mais il l'est des militants de la dissidence, de l'extrême droite, des révisionnistes... On trouvera sa trace sur facebook, citant Rivarol, le dernier journal antisémite de France, du côté d'Egalité et réconciliation, le site d'Alain Soral, ou de Quenel+ (ces vidéos ont été effacées) ... Ou à l'inverse du côté de la Ligue de défense juive, qui salue sa condamnation en 2016 pour "contestation de crime contre l'humanité" avec une photo de Vincent Reynouard faisant un salut nazi. Vincent Reynouard a sa fiche Wikipedia. On y apprend qu'il se réclame du national-socialisme, est soutenu par Robert Faurisson, et on y lit une liste de condamnations...


Professeur de mathématiques, viré pour avoir trop dit que les voyages à Auschwitz relevaient de la propagande, Vincent Reynouard défend cette idée et une autre, un "mensonge" sur le  massace d'Oradour-sur-Glane. D'où le tag... Ce qu'il ne conteste pas, dit-il dans une vidéo sur Youtube, ce sont les 642 morts dans le massacre du 10 juin 1944. La 3e compagnie du régiment allemand Der Führer, donc de la division Das Reich, remontant vers le Nord, a tué la population d'Oradour-sur-Glane, sur place, et en regroupant des gens dans l'église, à laquelle on a mis le feu ensuite. Dans cette compagnie, il y avait, hélas, 14 Alsaciens enrôlés de force sous uniforme allemand, rappelle Paris-Match. L'affaire a ému au point que le village a été laissé tel quel à la Libération, puis un musée nommé "centre de mémoire" a été construit à l'entrée (120.000 visiteurs par an) en 1999. Il contient les photos de 542 victimes, rappelle FranceBleu.



Où serait le mensonge ? Dans une vidéo, Vincent Reynouard défend deux idées. La première : « Les Waffen SS ne sont pas arrivés à Oradour avec pour mission de massacrer la population, hommes, femmes, enfants », mais ils « recherchaient un gradé allemand enlevé la veille, le 9 juin, par les maquisards et qui pouvait, pensaient-ils, se trouver détenu à Oradour .» La deuxième : « Les femmes et les enfants ont trouvé une mort terrible dans l'église suite à l'explosion surprise, inattendue, d'un ou plusieurs dépôts de munitions qui avaient été aménagés dans le lieu saint par la Résistance locale. » Donc, ce n'était pas intentionnel, peut-être un coup de folie ou de colère d'une troupe pressée par le temps, les Américains venant de débarquer en Normandie, soucieuse de retrouver le commandant Helmut Kämpfe et l'officier Karl Gerlach, comme le précise le blog MalgréNous.eu.


Si ce n'est pas un assassinat (bien que cela corresponde à une volonté de terreur pronée par le général Heinz Lammerding, décédé en Allemagne en 1971), cela reste un crime de guerre, ayant donné lieu à un procès, à Bordeaux (Gironde), en janvier 1953, cité par LeFigaro ou le CRDP de Strabourg (Bas-Rhin). Et si la Résistance avait caché des munitions, voilà des civils morts en héros. La veille, le 9 juin, le même régiment avait pendu 99 hommes à Tulle (Corrèze) et fait déporter 150 personnes, rappelle la fiche Wikipedia du massacre d'Oradour-sur-Glane.


La carte du massacre du 10 juin 1944 (source Wikipedia).



Une carcasse de Peugeot 202 dans les rues du village en ruines (photo DavDavlhu).


OPINION. Vincent Reynouard est cité par l'auteur du tag. Y a-t-il mensonge à Oradour-sur-Glane ? Il y a surtout eu une tentative de laver l'honneur des soldats allemands mais tout de même, 642 morts civils, et même si certains d'entre eux avaient caché des explosifs pour la résistance, l'honneur était du côté des victimes.... Les témoignages disent qu'on a lancé des grenades sur les malheureux fusillés dans l'église. 
Ce qu'on retiendra, c'est qu'il y a une histoire officielle et une vérité peut-être différente. Le travail des négationnistes est de créer le doute. On l'a peut-être aidé avec ce concept de "devoir de mémoire", concrétisé ici par le "centre de mémoire". Comme si les ruines du village incendié ne suffisaient pas. Comme si marcher dans les ruines ne suffisait pas à comprendre ce qu'il s'est passé, à se forger une conviction... A vouloir dire ce qu'il faut penser, on génère, dès que les institutions vacillent, une contestation. Ce qui est curieux, c'est qu'une partie de la presse a aussitôt caché le nom de "l'historien". Pour éviter le débat avec les négationnistes ? Il n'y a pas de raison. Les faits sont clairs : la population d'Oradour a été massacrée et le village brûlé par les soldats allemands.
L'Education nationale ne fait pas son travail,  les références manquent. Des historiens amateurs naissent et se font entendre. On prendra pour preuve, hélas, le tweet de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qui écrit Ouradour au lieu d'Oradour, ne fait pas relire ni corriger... Dans les années 70, il n'y avait pas de "centre de mémoire", mais les collégiens savaient écrire Oradour. 



 







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