France Sport

Le Tour de A à Z

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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ASO

De A comme Alaphilippe à ZZZ pour l’étape à dormir de La Plagne en passant par le D de dopage, le M de Montmartre et bien sûr et l’omniprésence de Pogacar, c’est l’alphabet du Tour 2025.

A comme Alaphilippe. De retour sur le Tour, on l’attendait en première semaine mais c’est finalement sur les 15e et 16e étapes qu’il s’est montré. A Carcassonne on retiendra son « Comme un con, j’ai levé les bras » ne sachant pas (faute d’oreillette) que Wellens était devant. Au Ventoux, il s’est classé bon 8e et c’est lui qui a déclenché la bagarre dans la rue Lepic. Mais son punch n’a plus la même densité qu’au début des années 2020. Le temps passe...

B comme blues. Ou le coup de cafard de Tadej Pogacar qui a trouvé le temps long en dernière semaine et qui avouait avoir hâte de rentrer chez lui. Il est vrai qu’avec plus de quatre minutes d’avance et des adversaires impuissants, il avait des raisons de s’ennuyer. Nous aussi d’ailleurs...

C comme contraste. A l’arrivée de La Plagne, un Arensman (vainqueur) qui s’écroule après la ligne, met plusieurs minutes à récupérer et un Pogacar frais qui enfourche son home-trainer de récupération, le visage serein, à peine marqué. On avait vu les mêmes images à l’arrivée du Puy de Sancy avec Pogacar pianotant son téléphone et Vauquelin les traits tirés, le regard vague...

D comme dopage. C’est inévitable, le cyclisme traîne ses années EPO et Armstrong. Les performances de Pogacar depuis le début de saison, son aisance face à l’adversaire, ses attaques ou ses contres cul vissé sur la selle et les autres en danseuse, ça peut interpeller. « Il y a une espèce de lâcheté généralisée sur le dopage », constate Eric Boyer, ex-professionnel et manager de l’équipe Cofidis. Avant de conclure par « L’argument de dire que tout va bien car il n’y a plus de mecs positifs, cela ne marche pas. »

E comme Evenepoel. Le champion olympique belge, surpuissant dans le chrono de Caen, a craqué en montagne, ne réussissant pas à suivre le groupe Maillot Jaune. Il a finalement dû renoncer (14e étape) sans savoir le pourquoi de cette méforme et ne courra même pas la Classica San Sebastian le 2 août.

F comme Français. Exceptés Kevin Vauquelin, Jordan Jegat et Valentin-Paret-Peintre ou Julian Alaphilippe (voir par ailleurs), Axel Laurance dans les sprints et Bruno Armirail (4e du chrono de Caen), ils n’ont guère pesé. On en a vu dans des échappées mais pour la gagne, on repassera. Hinault n’a toujours pas de successeur en vue.

G comme grimpeur. Grimpeur et gagnant. 1,78 m pour 50 kilos, le physique type du montagnard avec une rare efficacité quand il se met en danseuse. Valentin Paret-Peintre a affiché toute la panoplie de l’escaladeur dans l’ascension du Ventoux où il s’est imposé en force face à Ben Healy. Le seul succès français du Tour mais un succès de légende.

H comme Healy. En rugby, on connaît le ‘’Fighting spirit’’ des Irlandais. Ben Healy a transposé cet esprit de combat pendant trois semaines, étant désigné à juste titre le ‘’Plus combatif du Tour’’. Avec une victoire d’étape, deux Maillot Jaune et une deuxième place au Ventoux.

I comme Israël Premier Tech. Le conflit Israël-Gaza s’est hélas invité sur le Tour avec quelques manifestations pro-Palestine et des intrusions inopportunes sur les lieux de départ et arrivée. On comprend mieux pourquoi cette équipe la plus surveillée du Tour a eu du mal à se mettre en évidence. Bravo quand même aux coureurs.

J comme Jegat. C’est le Français qu’on n’attendait pas. Passé pro sur le tard avec l’équipe de 3e division de Nantes-Atlantique, Jean-René Bernaudeau, manager de TotalEnergies/Vendée lui a fait confiance. A raison, car Jordan Jegat, Breton de Vannes, accompagne Vauquelin (7e) entre dans le Top 10 final. Une place acquise à l’avant-dernier jour lorsqu’il a pris la bonne échappée malgré les insultes d’un Italien qui lui reprochait sa présence pouvant la faire capoter. 

K comme Kevin. Kevin ! Vauquelin, bien sûr ! S’il n’a pas gagné d’étape, il a conquis le coeur des supporteurs en se classant 7e du général. Certes, il a rétrogradé et a montré encore quelques limites dès lors que la route s’élevait et que les ténors mettaient le turbo mais il a montré une rage de courir et s’est plusieurs fois ‘’arraché’’ pour ne pas craquer. Il lui reste à confirmer.

L comme La Loze. Ce devait être l’étape reine avec le Glandon, La Madeleine et le terrible final du col de la Loze au dessus de Courchevel et ses 26 kilomètres d’ascension. Pogacar y avait une revanche à prendre sur Vingegaard et les Visma qui l’avaient fait craquer il y a deux ans. Résultat : c’est l’Australien Ben O’Connor qui a profité du marquage des deux ténors et de l’impuissance du Danois à attaquer Pogacar. 

M comme Montmartre. Les retords ont eu … tort. Si elle n’a rien changé au classement général comme certains le craignaient, même si l’on n’a pas eu droit l’habituel sprint royal élyséen, cette ultime étape a été de toute beauté et les trois ascensions de la rue Lepic a tenu ses promesses. Grâce au panache du patron Pogacar qui a dynamité le peloton, puis l’échappée avant de céder face à la hargne de Van Aert (lire à la lettre W). Au point de se demander si ce coup d’essai ne doit pas être renouvelé. Ou alterné pour ne pas oublier les sprinteurs.

N comme n’importe quoi. On attendait beaucoup de Lenny Martinez. Mais le grimpeur de poche a alterné les jours ‘’avec’’ et les jours ‘’sans’’. Il s’est même fait pénaliser pour trois bidons-collés (prise de bidon en se faisant tirer par la voiture). Et franchement, un maillot à pois de Meilleur Grimpeur aurait fait désordre pour un 79e au classement à 3h49’ du vainqueur.

O comme Onley. Depuis qu’ils se sont ouverts au cyclisme, les Britanniques sortent régulièrement des talents. Il y a eu les années Wiggins-Froome-Thomas et voilà qu’ils nous sortent un brillant Oscar Onley 4e à 1’12’’ du podium derrière Lipowitz. Il faudra compter avec lui.

P comme podium. Pogacar, Vingeggard, Evenepoel, c’était le podium le plus joué aux pronostics. Mais le Belge a calé. Et la troisième match est revenue à l’Allemand Florian Lipowitz, exemplaire pendant ces trois semaines. Certes, il n’a pu rivaliser avec le duo mais il a tenu le coup face au Britannique Onley et à l’Autrichien Gall, Dur au mal, c’est au biathlon qu’il s’est forgé un moral d’enfer et une résistance à l’effort. A 24 ans, 3e et Meilleur jeune, peut-être faudra t-il compter avec lui l’année prochaine. Mais surtout sur la première marche, P comme Pogacar, le patron incontesté qui, en plus de sa supériorité, a conclu son quatrième Tour avec panache (voir à Montmartre).

Q comme quatre. Quatre étapes (4e à Rouen, 7e à Mur-de-Bretagne, 12e à Hautacam et 13e au chrono de Peyragudes), pour Pogacar et donc quatrième Tour pour Pogacar.

R comme recherche . Et plus précisément de chasse aux partenaires. Entre diriger son équipe et plus particulièrement Kevin Vauquelin pendant ces trois semaines, Emmanuel Hubert a passé de longues heures au téléphone et en rendez-vous pour trouver des nouveaux partenaires à la place d’Arkea B&B Hotels. « Si les Pinault veulent me voir, je leur montrerai l’équipe », a t-il tenté.

S comme si… Et si Vingegaard avait été à moins d’une minute de Pogacar… Et si Lipowitz avait été pareillement à soixante secondes du Danois… Imaginez un peu ce qu’aurait pu être cette dernière étape si… Si les organisateurs n’avait pas décidé, en raison de la pluie annoncée, du blocage des temps avant la première boucle vers Montmartre. Cette question, on se l’est posée, devant notre poste de télé avant qu’Alexandre Roos ne l’écrive dans L’Equipe de lendemain de Tour. Dommage, ça aurait mis encore plus de piquant à ce final de légende et forcé peut-être Vingegaard à sortir de son confort au sein du peloton, accroché sans combattre à se deuxième place.

T comme télévision. Comme chaque année, France Télévision a été à la hauteur de l’événement. pour ses centaines d’heures d’antenne avec les commentaires éclairés d’Alexandre Pasteur et de son équipe de consultants (Thomas Voeckler, Laurent Jalabert, Yoann Offredo et Marion Rousse). Sans oublier les après-Tour de Laurent Luyat, et les éclairages géographiques et historiques de Franck Ferrand. 

U comme universalité. Bobet, Anquetil, Thévenet, Hinaut, Fignon, Bahamontès, Iocana, Indurain, Contador Coppi, Bartali, Gimondi,Nibali, Van Impe, Merckx, Janssen, Zotemelk… Et d’autres encore quand le Tour et le cyclisme était l’affaire de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Belgique voire des Pays-Bas. Aujourd’hui, le cyclisme est universel. Au six premières places, on trouve un Slovène, un Danois, un Allemand, un Britannique, un Autrichien et un Norvégien. Le septième est de la vieille école européenne et il est Français. Vauquelin pour sauver l’honneur. Ouf !

V comme Vingegaard. Deux Tours de France et puis… Il est à craindre que Jonas Vingegaard devienne le ‘’Poulidor’’. Si Pogacar continue à ce rythme, le Danois risque bien de se limiter à ses deux Maillots Jaune. A moins qu’il ne change son programme de saison et se lance dans les classiques de Printemps pour s’aguerrir. Car franchement, mis à part subir, il n’a pas montré grand-chose. Se focaliser sur le Tour ne suffit pas pour un Maillot Jaune. Peut-être devra t-il s’essayer sur le Giro ?

W comme Wout Van Aert. En mal de résultats et surtout de victoires depuis presque deux ans, l’infatigable Belge a illuminé de sa classe et de sa hargne le final du Tour. Il s’est même payé le luxe (rare) de faire craquer Pogacar dans l’ascension de la rue Lepic pour s’en aller glaner peut-être la plus belle victoire de sa carrière. Et sa dixième sur le Tour. Il a en tous cas prouvé que le Slovène n’était pas imbattable. Bravo et merci du spectacle.

X comme l’inconnu. L’inconnu du futur de Pogacar. D’abord, fera t-il le Tour d’Espagne comme c’était programmé ? Il a avoué qu’encore un mois loin de chez lui ça lui pesait. Mais quel programme pour l’avenir. Sur le Tour, il n’a plus rien à prouver sauf d’ambitionner de rejoindre Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain pour un cinquième succès. Homme de défis, il y sera certainement.

Y comme Yffiniac. 7e étape, Saint-Malo – Mur de Bretagne. Au km 120,1, Yffiniac, village breton des Côtes d’Armor, avait revêtu ses habits de fête pour accueillir le Tour. Et pour honorer Bernard Hinault qui y a vu le jour en novembre 1954, au lieu-dit ‘’La Fraîche’’.

Z comme zzzzz. C’est rare mais ça arrive. En général, c’est dans les étapes de plat qu’on aurait tendance à s’endormir avant le sprint. Mais là, on s’est laissé emporter par l’ennui dans l’ascension de La Plagne où Vingegaard est resté dans la roue de Pogacar comme résigné. Beuh, que c’était ennuyeux…

A l’année prochaine!







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