France Culture

La consolation, d’Anne-Dauphine Julliand

Publié le  Par Pascal Hébert

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« J’ai perdu mes filles. Je le dis le cœur habité par deux sentiments que l’on croit souvent contraires : la douleur et la paix. La douleur de celle qui pleure. Et la paix de celle qui est consolée. » En une phrase tout est dit. Dans son livre, "La consolation", Anne-Dauphine Julliand exprime l’espoir d’une maman qui a perdu ses deux amours.

Confrontée à la douleur, la souffrance, le regard des autres, de ceux qui sont gênés ou de ceux qui savent accompagner naturellement, Anne-Sophie Julliand nous révèle notre humanité face à la mort. Dans un livre céleste, cette maman éclaire avec bienveillance les endroits que notre regard évite. Face à la mort, Anne-Dauphine Julliand a décidé de vivre et son comportement ne répond pas forcément à celui que d’aucuns espèrent d’une femme éplorée. Dans ce livre, il y a de la place pour tout le monde : les filles perdues, la famille, les amis, les étrangers, les professionnels de santé et nous aussi lecteurs.


Anne-Sophie Julliand tire sa force de l’invisible que l’on peut appeler l’espérance ou la foi. Mais aussi, comme elle l’avoue elle même : la consolation : « La consolation est une histoire d’amour écrite à l’encre des larmes. C’est la rencontre de deux cœurs : un cœur qui souffre et un cœur qui s’ouvre. De deux âmes : une âme ébranlée et une âme qui se laisse bouleverser. De deux êtres. Tout simplement. Ils se perdent parfois, se retrouvent souvent. Et dévoilent ensemble la puissance et la grâce de la consolation. »


Avec des mots d’une extrême puissance, Anne-Dauphine Julliand expose ses différentes expériences. Elle n’hésite pas à mettre en évidence ceux qui jugent gratuitement sans réellement comprendre pourquoi elle ose mettre du vernis à ses ongles alors que ses deux filles sont mortes. Il y a la douleur de la perte, mais il y aussi le regard des autres et leur jugement. Ce chemin n’est pas le plus facile. Parfois des miracles se produisent comme cette rencontre simple et humaine avec une infirmière au chevet de sa fille : « Elle savait qu’elle était à la bonne place. Exactement à la bonne place. Car on peut être loin physiquement et tout proche sentimentalement. La juste proximité, ce n’est pas la distance qui sépare les corps mais celle qui rapproche les cœurs. L’espace où s’épanouit la compassion. »


Avec sagesse, Anne-Sophie Julliand glisse quelques messages essentiels : « Si l’on refuse de considérer la souffrance, on ne sait plus comment se comporter quand on y est confronté. On est désaccordé. La peur nous gagne. Et chacun sait qu’elle est la pire des conseillères. Elle génère les regards de travers, le pas de côté. C’est elle qui fait trembler et fuir à grandes enjambées, avec au fond du cœur la honte du déserteur. Le pire ennemi du bonheur, ce n’est pas le malheur, c’est la peur. La peur de souffrir qui engendre une souffrance plus grande encore. La peur de rater qui fait que l’on ne réussira jamais. La peur de ne pas savoir faire qui fait qu’on n’essayera même pas. »

A ses mots, on peut ajouter ces quelques vers du poème "Une blessure", de Georges Moustaki :
"Aussi longtemps que je vivrai
Je garderai à fleur de peau
Une blessure
Comme une fleur de sang séché
Viens, pose tes mains sur mon front
Pose ta bouche sur ma peau
Même si tu n'y peux rien"


Pascal Hébert

"La consolation", d’Anne-Dauphine Julliand. Éditions Les Arênes. 194 pages. 18 €







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