France Société

600 artistes signent contre Depardieu

Publié le  Par Fabrice Bluszez

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Une nouvelle tribune paraît ce samedi 30 décembre, sur Internet, signée par 600 artistes. Elle dénonce le "monstre", répondant à la précédente. Dans un déballage éhonté qui relève du lynchage de rue plus que de la justice.

On hésite désormais entre la rubrique faits divers et la rubrique culture. Mais il semble que "société" corresponde mieux, tant cet "événement" de fin d'année ressemble à un mouvement de société. Hélas, des journalistes se prêtent à ces étranges façons, oubliant le droit qui suppose un débat contradictoire, un droit à la défense, la présomption d'innocence. La dénonciation sur les réseaux sociaux et le lynchage tiennent ici lieu de justice.


Ainsi donc, après la dénonciation dans "Complément d'enquête" de propos "obscènes" tenus en 2018 en Corée, après le soutien du Président, et la tribune de 50 artistes favorables à l'acteur Depardieu, le site Cerveauxnondisponibles.fr publie un nouveau texte signé par 600 artistes. Voyez sur ce site la liste des personnalités. Voici le texte...

 

Après le Président de la République, venu au secours de Depardieu, c’est donc au tour du « monde de la culture », enfin d’une petite partie (d’un vieux monde qui s’écroule) , de s’exprimer : 55 personnalités qui prétendent laisser la justice faire son travail et s’opposent au « lynchage » du monstre sacré du cinéma français. Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier.

Nous souhaitons avec cette contre-tribune manifester notre désaccord avec cette idée. En plus des propos abjects découverts dans Complément d’Enquête, qui sexualisent en permanence les femmes, y compris une petite fille de 12 ans, rappelons que Depardieu est visé – à ce jour – par 3 plaintes pour viols et agressions sexuelles. Médiapart a également publié 13 témoignages de femmes accusant Depardieu de violences sexuelles. Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent. C’est l’inversion des rôles où le bourreau (le « monstre », l’homme, pas du tout sacré, mais juste obscène) se place en victime, avec l’aide de ses ami.e.s. Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la « présomption d’innocence » pour l’agresseur sonne comme une « présomption de mensonge » pour les femmes qui témoignent contre lui.


Ne vous trompez pas, nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. C’est même ce que les féministes réclament à corps et à cri depuis toujours. Mais face à l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il est du devoir de chacun.e de refuser la banalisation de propos et d’actes tels que ceux de Gérard Depardieu. Impossible de faire comme si de rien n’était, en attendant « que la justice fasse son travail ».


Nous ne pouvons pas rester muet.te.s ! Brisons la loi du silence, Contre le silence complice, brisons l’écho de l’impunité. Mettons la lumière sur la vérité et choisissons la fin des zones d’ombre.
 

L’histoire nous montre à quel point il est difficile pour une victime d’agression sexuelle de parler, d’obtenir gain de cause, de voir les violences qui lui ont été infligées être reconnues officiellement. Et cela est d’autant plus le cas lorsque celui-ci est puissant. Pour un Harvey Weinstein, combien d’agresseurs impunis malgré les accusations des victimes ?


Comme l’écrit Elvire Duvelle-Charles dans l’ouvrage "Moi aussi", l’idée que certaines femmes puissent porter préjudice à l’image d’un honnête homme suscite plus de réactions et d’effroi que l’idée que les femmes violées n’obtiennent pas justice, exception faite du 0,6% des viols qui sont condamnés. Surtout, se réfugier derrière le « laissons faire la justice », ou le pathétique « il faut séparer l’homme de l’œuvre », c’est accepter de mettre son propre jugement de côté. C’est estimer que nous n’avons aucun rôle à jouer dans l’évolution de notre société. Que nous ne pouvons pas aider et soutenir les victimes. Or c’est faux. Que la justice fasse son travail. Mais nous devons également faire le notre. Celui de soutenir les victimes et de ne pas laisser tranquilles des agresseurs, des violeurs, des oppresseurs. Qu’ils ne puissent plus penser qu’ils peuvent agir en toute impunité, et parfois même en étant récompensés et glorifiés.

Si la remise en cause de l’impunité de Depardieu était une « chasse à l’homme », alors comment qualifier les agressions bien réelles que subissent les femmes victimes de violences masculines chaque jour ? Nous sommes là pour rappeler que l’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système. La production de l’art n’est pas une abstraction située en dehors des dynamiques sociales.

Alors oui, nous allons nous retrouver, nous regrouper, et nous soutenir.
Et si cela dérange Depardieu, Macron et 56 "célébrités" de la culture, tant mieux.  

 

France Info a relevé dans la liste certains noms  : "Angèle, Louane, Suzane, Pomme, Médine, Gauvain Sers ou Vitalic"... "Adé, Mahaut Drama, ou encore Imany".  

 


 

 

Mediapart publie 13 témoignages
 

Du même tonneau ou dans le même esprit, Mediapart titre un article : "Violences sexuelles : 13 femmes accusent Gérard Depardieu". Les témoignages sont des accusations un peu gratuites, seules trois femmes seraient allées jusqu'à la justice "sans porter plainte", dit Le Figaro. Se sont-elles contentées d'en parler à leur avocat ou au commissariat le plus proche  qui n'aurait pas donné suite, c'est peu probable...

 

Konbini donne un témoignage... Celui de Sarah Brooks, actrice. Les faits datent de son premier  tournage sur la série "Marseille". Elle avait 20 ans, elle en a 28. Donc ces faits, s'ils étaient avérés, seraient prescrits... Une fois de plus, la prise de conscience est tardive. Sans enquête, sans procès, sans jugement, Gérard Depardieu est innocent.

 

 

Pour l'instant, les seuls motifs pour lesquels Gérard Depardieu est réellement mis en examen depuis mars 22 sont "viol" et "agression sexuelle". Il est accusé par Charlotte Arnoud, actrice, relève 20 Minutes. Cela se serait passé  à Paris dans l'hôtel particulier de l'acteur, dans le 6e arrondissement, en août 2018. Pour l'instant, sans procès, sans jugement définitif, Gérard Depardieu est innocent.

 

 

 







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