France Sport

Le Tour 2022 de A à Z 

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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Le duel Vingegaard-Pogacar a illuminé le Tour 2022 tout autant que l'insaisissable Wout van Aert. Il y avait bien longtemps qu'on avait vu un Tour aussi passionnant. Ce que l'on en a retenu de A à Z.

A comme van Aert. On aurait pu le placer au W comme Wout, son prénom, ou au V pour van, sa particule, mais il mérite bien d'être le premier sur cet abécédaire. Wout van Aert a en effet éclaboussé le Tour de toute sa classe, sa puissance, sa solidarité, son abnégation. En clair, le Belge sait tout faire : rouleur, sprinteur, puncheur, attaqueur, batailleur, grimpeur même quand il faut épauler son leader . Bref, c'est une pépite qui a porté le Maillot Jaune avant de l'épauler, ramené le Vert, gagné trois étapes. S'il est le plus complet, est-il le meilleur cycliste du monde ? A vous de juger...

B comme Bardet. Il disait avant le Tour le courir pour le plaisir. En clair, c'était du « On verra bien ». Discret les dix premiers jours, Romain Bardet s'est éclaté dans la terrible ascension du Granon où il a fini 3e pour une deuxième place au général.. Mais la 16e étape entre Carcassonne et Foix lui a été fatale : malade, il a perdu toutes ses chances de podium. Finalement 7e et deuxième Français, c'est son dixième Top 10 sur le Tour. Pas mal quand même...

C comme covid. On craignait le pire. Mais finalement le peloton est globalement passé entre les fourches de ce satané covid. On a dénombré 17 abandons de positifs dont les Français Guillaume Martin et Warren Barguil, le Danois Nielsen, le Néo-Zélandais George Bennet et le Britannique Christ Froome. Et un total d'arrivants de 135, le plus faible depuis 2000. Le plus malchanceux est le Canadien Michael Woods qui a dû renoncer, positif, dimanche matin au départ de la dernière étape...

D comme Danemark. Trois jours début juillet et un enthousiasme délirant, un moustachu à pois pendant une semaine et vainqueur d'étape à Megève(Cort Nielsen), quatre vainqueurs d'étape (Nielsen, Vingegaard deux fois et Pedersen) et un Maillot Jaune aux Champs-Elysées, le Danemark se souviendra de ''son'' Tour 2022...

E comme écarts. Avant le final, 3'34'' séparaient Pogacar de Vingegaard. Et à l'arrivée aux Champs, il n'y avait plus que 2'43''. N'allez pas croire pour autant que le Slovène avait encore attaqué le Maillot Jaune. Non. S'il a repris près d'une minute, c'est seulement parce que les Jumbo ont mis un point d'honneur à franchir la ligne tous ensemble, bien après le peloton, histoire de savourer un peu plus leur triomphe. Cela dit, derrière ces deux lascars, il y avait un monde : Gerraint Thomas 3e à plus de huit minutes, Gaudu 4e à près de quatorze, Vlasov 5e à plus de seize. Et seulement seize coureurs dans la même heure... Il y avait '' eux'' et les autres

F comme Français. On n'est pas passé loin de la ''fanny'' pour les coureurs français. Heureusement, Christophe Laporte a sauvé la face avec sa victoire pleine d'enthousiasme à Cahors. Cela dit, les ''Bleus'' n'ont pas trop à rougir de leur Tour : David Gaudu (lire ci-dessous) au pied du podium, Romain Bardet (lire ci dessus) 7e, quatre Français dans les quinze premiers (aucune autre nation ne fait mieux...), la Groupama-Française des Jeux 2e par équipe (avec Gaudu 4e, Madouas 11e et Pinot 15e). A souligner également que l'équipe de Madiot termine au complet tout comme la B&B Hotels de Didier Rous. Allez, allez, ce n'est pas si mal...

G comme Gaudu. L'ambition affichée était le podium. David Gaudu en finit au pied avec une 4e place plus qu'encourageante. S'il n'a pas toujours pu suivre le trio Vingegaard-Pogacar-Thomas, il aura en tout cas affiché une sacrée hargne et un beau mental pour recoller et perdre le moins de temps dans le final des étapes-reines. A 25 ans, un bel avenir s'ouvre à lui.

H comme Houle. Professionnel depuis 2011, il n'avait jamais franchi la ligne en vainqueur. Hugo Houle, le Canadien de l'équipe Israël-Premier Tech, l'a fait à Foix . Mais tout autant que la victoire, c'est son émotion qui nous aura marqué quand il rendit hommage, en larmes, à son frangin fauché il y a dix ans par un chauffard alcoolisé. On en frissonne encore...

I comme l'image. Une image aura marqué le Tour 2022. Comme on aimerait en voir plus souvent dans les arènes de sport. Cette image, c'est la poignée de mains de Pogacar et de Vingegaard lorsque ce dernier en jaune attendit son rival qui avait raté un virage avant de repartir. Un geste qui mérite le prix du fair-play. Sans oublier, ces petites tapes pleine de respect aux arrivées entre ces deux coureurs qui venaient de s'empoigner à coups de démarrages. Chapeau messieurs !
 

La belle image du Tour 2022 (photo DR).



J comme Jumbo. Au même titre que les Sky des années Wiigins-Froome-Thomas, c'est assurément l'équipe la plus puissante. Sauf qu'à la différence du team britannique, les Jumbo-Visma ne se sont pas contentés de contrôler leurs adversaires. Le harcèlement que Roglic et compagnie ont imposé à Pogacar avant le Granon en est la traduction. Sur le plan comptable, Jumbo ramène le Maillot Jaune (Vangegaard), le Vert (Van Aert), cinq étapes, le prix du Super-Combatif (Van Aert). Et plus que les chiffres, c'est surtout son sens de la course, son organisation, sa maîtrise, son cyclisme total à l'image de Wout van Aert, un peu comme l'était l'Ajax Amsterdam de Johann Cruyff. Du grand art et du cyclisme comme on aime...

K comme KO. Comme celui dont a été victime Tadej Pogacar dans la montée du Granon. Harcelé par les Jumbo avant d'aborder l'ascension, il a finalement craqué et perdu ses illusions d'un triplé dans le Tour.

L comme L'Alpe. C'est toujours un rendez-vous mythique que celui de l'Alpe d'Huez. On y attendait une franche explication entre les leaders. En vain. Mais l'ascension a révélé le talent du Britannique Tom Pidcok, cycliste tout terrain : cyclo-cross, VTT et maintenant route. A suivre, assurément...

M comme mondialisation. Avant, il y avait les Belges, les Italiens, les Espagnols, les Néerlandais et les Français. Et un peu les Britanniques et quelque fois les Colombiens. Aujourd'hui, ils viennent du Danemark, de Norvège, de Slovénie, du Kazakstan, de Lettonie, etc. Cela fait un bout de temps que la mondialisation est en route en matière de cyclisme. A tel point que les nations historiques ne sont plus dominatrices. Jugez-en : pas de Belge, ni d'Italien, ni de Hollandais et un seul espagnol dans les vingt premiers. Heureusement, les Français sauvent l'honneur avec quatre coureurs. Il fallait le dire...

O comme O'Connor. 4e l'an dernier, l'Australien d'AG2R-Citroën avait de légitimes ambitions de podium. Sa troisième place dans le Dauphiné le confortait. Mais deux chutes dans la deuxième étape, puis une autre dans la huitième ont contraint Ben O'Connor à l'abandon à l'entame de la troisième semaine de course, blessé au fessier. Il vise maintenant la Vuelta...

P comme panache. Celui du vainqueur sortant, bien sûr ! Le double lauréat 2020-2021 partait pour un triplé. Mais le sort et les Jumbo en ont décidé autrement. Il n'empêche, bien que battu, Tadej Pogacar est sorti grandi de son Tour. Dévêtu du Jaune en haut du Granon, le Slovène n'a jamais abdiqué et a multiplié les tentatives, attaquant même en descente. En vain. Mais quel panache ! Et avec le sourire en prime...

Q comme Quintana. L'emblématique colombien a certes perdu sa place dans le Top 5 après le chrono de Rocamadour. Dommage pour Arkea-Samsic qui rêvait d'un Top 5. « C'est une belle récompense, 6e ce n'est pas rien », a quand même commenté Yvon Ledanois, le directeur sportif de l'équipe française, qui s'est satisfait de la cohésion de son équipe. Rappelons au passage que Nairo Quintana a terminé 2e du Tour en 2013 et 2015 et 3e en 2016. Pas mal, non...

R comme renaissance. Depuis qu'il a repris la compétition après son grave accident en 2019, le quadruple vainqueur du Tour ne cesse d'afficher son optimisme. Chris Froome n'a certes guère pesé dans le débat des favoris mais sa 3e place à l'Alpe d'Huez est peut-être le signe d'une renaissance. 26e au général, il a hélas dû quitter le Tour au départ de Lourdes, covid oblige, au départ de Lourdes.

S comme sept. 687 kilomètres aux avant-postes, c'est la performance de Van Aert. Un total réalisé en sept étapes, ce qui a fait du Belge le premier des baroudeurs. Inépuisable, on vous dit...

T comme télé. Il faudra bien reconnaître la performance des commentateurs, journalistes et consultants, de France Télévision qui ont tenu l'antenne pour toutes les étapes du Km 0 à l'arrivée. Chapeau à toutes et tous. Un petit hic cependant concernant la réalisation avec quelques décalages mal-t-à-propos où l'on nous montrait, par exemple, l'arrière du peloton alors que c'est devant que ça se passait ou encore des poursuivants de l'échappée alors que c'est en tête du peloton des favoris qu'il fallait être. Bravo quand même !

U comme unique. Franchement, les dernières éditions du Tour ne suscitaient pas l'enthousiasme. On se souvient notamment du règne des Sky qui anesthésiaient le peloton avec leur train d'enfer. Est alors arrivé Pogacar qui a renversé Roglic il y a deux ans en haut des Belles-Filles avant de doubler en 2021 avec autorité. Mais ce Tour 2022 restera un grand cru pour le moment unique tant il y eut d'intensité, de rebondissements, de stratégie. Et surtout ce mano à mano Vingegaard-Pogacar. « Je ne me souviens pas d'une édition où on voyait les deux premiers toujours devant », a d'ailleurs commenté, philosophe, Gerraint Thomas, 3e, loin derrière le duo...

V comme Vangegaard. Evidemment ! Que dire de plus au sujet de Jonas Vingegaard. Dauphin de Pogacar en 2021 en se contentant de suivre, il a franchi un palier cette année. On l'a vu à l'offensive avant et dans le Granon. Et ensuite plein de sang-froid face aux tentatives du Slovène. Auparavant, le Danois avait fait preuve d'une grande sérénité notamment dans l'étape des pavés où Roglic avait chuté.

W comme  Wout... On a déjà tout dit sur van Aert...
 


 

X comme l'X du cyclisme. Et, une fois encore, l'ombre du dopage resurgit. Encore plus cette année avec une moyenne record de plus de 42 km/h, mieux que celle d'Armstrong en 2005. Depuis ces années sombres, les méthodes d'entraînement ont évolué, la diététique également et les vélos sont devenus de véritables F1. Mais voilà, le sport cycliste traîne comme un boulet les années 90 et début 2000 et tous leurs excès. Certains coureurs français ont des doutes, les visés s'en défendent et revendiquent leur professionnalisme. Allez donc savoir... « Une question de merde », a répondu Van Aert aux journalistes qui ont abordé le sujet...

Y comme Yates. Comme d'habitude, Adam Yates faisait partie des outsiders et des possibles podiumables. Et comme souvent, il n' a pas tenu la distance. Il se classe néanmoins 10e et permet aux Ineos de remporter le prix d'équipe.

Z comme Zeits. Il en fallait un et on l'a trouvé. C'est le seul coureur du Tour dont le nom commence par Z. Andrei Zeits, d'Astana, fait partie de ces anonymes du peloton. 41e au classement final à 2h 27' 13'' du vainqueur, il n'en a pas moins bouclé le Tour, ce qui est en soi déjà une performance. Et épaulé son leader Lutsenko, 9e du classement final. Merci quand même...
(Sources : L'Equipe, Le Parisien/Aujourd'hui, Ouest France, site officiel du Tour, sites internet)



 







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