France Culture

Le secret de Sybil, de Laurence Cossé

Publié le  Par Pascal Hébert

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Francesca Mantonvani

Laurence Cossé nous livre une fois de plus un petit bijou avec Le secret de Sybil. Véritable roman à tiroirs, ce livre est une invitation à une introspection de nos relations de l’enfance à l’adolescence. Comme tout un chacun, la romancière a été marquée par une amitié forte durant sa jeunesse dans les années soixante. La découverte d’une sœur âme en quelque sorte.

Laurence Cossé nous livre une fois de plus un petit bijou avec Le secret de Sybil. Véritable roman à tiroirs, ce livre est une invitation à une introspection de nos relations, de l’enfance à l’adolescence. Comme tout un chacun, la romancière a été marquée par une amitié forte durant sa jeunesse dans les années soixante. La découverte d’une sœur âme en quelque sorte. Les jeunes filles partagent tout, se retrouvent avec plaisir dans l’innocence de l’enfance. C’est aussi la découverte d’un autre monde en pénétrant dans la famille de Sybil.


Doucement, mais sûrement, les champs du possible s’élargissent. Les personnalités s’affirment. Les filles se retrouvent dans la lecture. Elles ne se cachent rien. Le besoin du regard de l’autre devient alors rassurant pour ces adultes en devenir. De leur côté, les parents regardent avec bienveillance cette belle relation. Mais la vie n’est pas simple lorsque l’on atteint l’adolescence avec tout ce que cela comporte aussi bien au niveau de la transformation des corps que du choix du lycée, des ambitions des parents et de la nouvelle palette des relations qui s’offre à vous.
Et puis il y a les garçons qui ouvrent le bal de la séduction. Sybil ne laisse pas les teenagers indifférents. Par souci de réussir dans un lycée que l’on considère comme le haut du panier de l’enseignement, Sybil s’enferme de plus en plus dans ses études. Au point de n’avoir plus de temps à consacrer à sa meilleure amie pleine d’interrogations devant ce changement d’attitude : « C’était ainsi. Il y avait une loterie humaine. Il y avait des castes. Il y avait des étoiles sur de rares fronts. Il y avait des chevelures de reine et des queues de rat, des épaules tombantes, des jambes courtes », explique la narratrice, qui se sent seule et interdite avant de réaliser : « Il n’y eut jamais entre nous une explication, une mise au point, un quelconque constat que les choses se délitaient. Pas plus qu’auparavant nous ne nous étions félicitées de notre intimité, ni ne nous étions juré une amitié à vie. »

Se sentant bien en dessous de Sybil pour ne pas dire complexée, l’amie délaissée tente de comprendre l’érosion de cette relation. Quelques bonnes années plus tard, elle apprend la mort de Sybil. Désireuse d’écrire le roman de cette relation marquante, elle tente de recréer le puzzle de la vie de cette femme qui avait tout pour réussir. Les relations de Sybil qu’elle contacte ne lui apprennent guère plus. Finalement, c’est auprès de la maman de Sybil qu’elle aura la réponse à toutes ces interrogations. Elle lui livrera le secret de famille, si bien gardé au cours de toutes ces années, qui lui permettront de comprendre la réalité.


Petite surprise, au cours de ce récit pertinent et porté par une belle écriture teintée de nostalgie, Laurence Cossé fait revivre la talentueuse Danielle Messia, chanteuse du début des années 80, partie trop vite d’une maladie à 28 ans. En lisant Le secret de Sybil, difficile de ne pas penser à ces quelques vers d’Yves Simon :

Que deviennent les visages
Des passantes passées
De la seule qu'a compté
Jamais oubliée
Ma jeunesse s'enfuit

Pascal Hébert

 

"Le secret de Sybil", de Laurence Cossé. Éditions Gallimard. 138 pages. 16 €







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