France Politique

Elections : les grands perdants

Publié le  Par Patrick Béguier

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L'incroyable (et dramatique) niveau atteint par l'abstention aux élections régionales et départementales a touché tous les partis, mais des questions se posent pour les deux grands perdants : la République en marche et le Rassemblement national.

 

Si, finalement, les partis de gouvernement traditionnels, à droite comme à gauche, s'en tirent plutôt bien, s'agissant surtout des sortants, pour LRM, c'est une vraie déroute ! En quatre ans, les Marcheurs n'ont pas réussi à marcher. Ils ont fait du surplace, sans même réussir à s'implanter. Ce "mouvement" n'a pas trouvé sa structure, ni ses leaders, compte davantage de virtuoses du clavier d'ordinateur que de vrais militants de terrain, n'a pas fait surgir des propositions fortes animant le débat et s'est même peu à peu divisé entre une aile droite et une aile gauche, ressuscitant ainsi un clivage politique classique.

Je pense qu'Emmanuel Macron lui-même n'est pas surpris de cette… gifle électorale. Il a tenté, en vain, de dissoudre Les Républicains pour faire enfin émerger un solide parti présidentiel ancré au centre droit. Ce sont eux qui, malgré les querelles d'ego et leur vacuité idéologique, se sont au final consolidés.

Emmanuel Macron, pour 2022, devra d'abord compter sur lui-même. Il sera seul, peut-être tragiquement seul. Il n'est pas sûr, toutefois, que ce rôle déplaise à "Jupiter"…

 

Marine, gardez-vous à droite…

 

De son côté, Marine Le Pen semble payer le prix de sa fameuse "dédiabolisation". En se normalisant sur l'euro, puis sur la construction européenne, en arrondissant les angles ici et là, en renonçant à son agressivité verbale (sauf sur l'immigration et l'islamisme), elle n'est plus vraiment la force anti-système qu'elle incarnait au début. Elle est dans le système. Elle lorgne sans arrêt vers les électeurs de droite, en espérant, elle aussi, démembrer Les Républicains grâce à des transfuges jugés rassurants (comme Thierry Mariani). Presque banalisée, elle est à deux doigts de devenir une "institution". Difficile, dans ces conditions, d'être encore le réceptacle des "émotions" populaires. On a vu, d'ailleurs, qu'elle n'avait jamais été la Jeanne d'Arc des "gilets jaunes". Son populisme est en mode mineur. Trump pourrait lui donner la leçon et lui réapprendre la provocation.

Si, pour Emmanuel Macron, la menace est la solitude, pour Marine Le Pen, le danger est de voir une nouvelle extrême droite la déborder sur son… extrême droite, avec un discours radical, autrement plus subversif. Éric Zemmour et quelques autres sont prêts, semble-t-il, à s'engouffrer dans cet espace. Les résultats de ces élections ne peuvent, en tout cas, que les réjouir et les encourager.

Mais ne tirons pas trop de conclusions d'un premier tour électoral démocratiquement dévastateur. Peut-être que dimanche prochain, le paysage sera différent si les Français se décident enfin à voter.

Ça, c'est la solitude et le doute du commentateur !

 

Patrick Béguier

Journaliste et écrivain







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